Travailleurs du public et du privé, même combat contre les bas salaires et la vie chère !
Les établissements scolaires publics ont été paralysés du 15 au 17 octobre par une grève des enseignants massivement suivie dans le primaire, secondaire et technique. Ils réclament des augmentations de salaire, des primes ainsi que l’amélioration de leurs conditions de travail. Ce mouvement de grève a aussi partiellement touché le secteur de la santé. Quelques jours plus tard, ce sont les enseignants des écoles catholiques qui ont fait grève du 22 au 24 octobre pour de meilleurs salaires. Dans ce pays, plus de 75% des établissements scolaires secondaires sont privés et les conditions de vie des enseignants sont déplorables. Beaucoup d’entre eux ne touchent même pas le Smig, ils sont très souvent payés à la tâche et n’ont pas droit aux congés payés. Dans ces conditions, comment peuvent-ils donner un enseignement digne de ce nom ?
Dès le départ, le porte-parole du gouvernement a qualifié d’illégale la grève des enseignants du publique, des menaces et des sanctions ont été prononcées notamment contre ceux que les autorités ont qualifié de meneurs. Malgré cela, leur grève a duré trois jours. Ils n’ont pas obtenu gain de cause et ont repris le travail mais ils ont montré leur colère à ce gouvernement qui reste sourd à leurs revendications depuis trop longtemps. Tôt ou tard ils reprendront la lutte car le gouvernement n’a pas l’intention de leur faire de cadeaux, bien au contraire, leur situation continuera de s’aggraver comme celle de l’écrasante majorité des travailleurs de ce pays.
En sanctionnant les grévistes, le gouvernement veut montrer sa force et son inflexibilité devant les revendications légitimes des petits salariés de l’État, mais il a surtout montré sa peur d’une éventuelle extension du mouvement gréviste dans toute la fonction publique et même au-delà, dans le secteur privé. La revendication des augmentations de salaires concerne en effet tous les petits salariés. Qu’ils soient employés de l’État ou d’une entreprise privée, tous ont du mal à joindre les deux bouts. Le blocage des salaires et les augmentations incessantes du prix de denrées, des loyers et du transport aggravent la misère d’un nombre toujours plus grand de travailleurs et de familles qui comptent sur leurs revenus sans cesse grignotés. Quant à ceux qui, privés d’emplois, essaient de survivre en vendant de petites choses sur le trottoir ou entre les files de voitures dans les embouteillages, ils sont chassés par les autorités comme des indésirables.
Le gouvernement continuera de mépriser le monde du travail et de rejeter ses revendications tant qu’il n’y aura pas de véritable lutte d’envergure mettant en cause les intérêts du patronat et de l’État qui les protège. Mais le rapport de forces entre les travailleurs, tous secteurs confondus, et le couple patronat-gouvernement, peut changer à tout moment car la colère populaire qui couve depuis trop longtemps finira par exploser à la figure des exploiteurs et de leurs protecteurs au pouvoir. Les travailleurs, qu’ils soient du secteur public ou privé ont droit à une vie décente. Ils ont largement les moyens de faire plier patronat et gouvernement. Leur force, c’est leur nombre et leur place centrale dans le fonctionnement de la société. Sans eux, rien ne peut fonctionner.
Ce que nous pouvons souhaiter, c’est que ces grèves soient le prélude à un mouvement plus large pour que les salariés aient plus de poids face à leurs employeurs, qu’ils soient du public ou du privé. Leur mouvement, s’il est large et combatif pourrait aussi donner du courage à l’ensemble des travailleurs dans les usines, sur les chantiers et dans bien d’autres entreprises où les conditions de travail sont infernales et les salaires si bas. C’est tous ensemble que nous sommes forts. Prendre conscience de cette force et des possibilités qu’elle offre aux travailleurs est un premier pas important pour mettre en avant les intérêts de notre classe sociale.