Tracé du métro d’Abidjan : non au déguerpissement des populations sans relogement !

03 février 2022

LEUR SOCIÉTÉ

En aout 2021, le premier ministre Patrick Achi, avait fait une tournée en train pour voir le tracé du ‘‘Metro’’ ou ‘‘train urbain’’ d’Abidjan. Il avait, parait-il, été choqué par le dénuement des habitations qui longeaient les rails. Le gouvernement avait promis des indemnisations à ceux qui allaient être délogés lors de la construction des rails. Une fois de plus, c’était un mensonge car les des bulldozers encadrés par des soldats sont entrés en action pour raser les habitations sans ménager les populations.

À l’origine, en 2014, ce qui était prévu c’était de raser les habitations situées à 25 mètres de part et d’autre des rails. Mais en conseil des ministres du 8 décembre 2021, le 1er ministre a décidé de raser une largeur de 200 mètres sous prétexte que « cette réserve foncière est destinée à abriter des projets de rénovation et d’aménagement urbain prévus pour insérer le métro et les usagers dans un paysage urbain moderne et beaucoup plus agréable ». Derrière ce discours alambiqué il y a la volonté du pouvoir de chasser les classes populaires de ces terrains convoités par les promoteurs immobiliers et les riches qui ne veulent pas voir la misère devant leurs fenêtres.

Pour une bande large de 50 mètres, ce sont officiellement plus de 9500 familles qui avaient été jetées à la rue du jour au lendemain. Avec la nouvelle décision, c’est au moins 4 fois plus de personnes qui vivent désormais la peur au ventre dans les communes d’Anyama, d’Abobo, d’Adjamé et Plateau, Treichville, Marcory et Port-Bouët. Pour le moment rien de concret n’a encore été décidé. Mais comme l’a signifié un riverain qui se trouve dans la zone des 200 m : « Chez moi, il y a les bagages des voisins qui ont eu leur maison cassées. Je suis impacté parce qu’on doit encore élargir la voie à 100 m. Nous sommes inquiets, tristes et désemparés. Parce qu’on sait qu’on viendra nous chasser, je ne sais pas quand. Avant de se mettre en rang pour avoir quelque chose. Parce que malheureusement, c’est comme ça que ça se passe. »

Pour le moment les populations encaissent les frustrations. Mais quand toute cette frustration finira par s’extérioriser en une grosse manifestation de colère, et cela finira par arriver, espérons que les travailleurs et les petits gens trouveront le moyen de faire payer aux riches et aux gouvernants à leur service tout leur mépris.