Tiassalé : gangstérisme au lycée, symbole de la faillite du système éducatif

18 mars 2022

LEUR SOCIÉTÉ

Dans la ville de Tiassalé, un nouveau phénomène de banditisme gagne le milieu scolaire, particulièrement les élèves du secondaire. Chaque vendredi soir, l’on assiste à des bagarres entre des groupes d’élèves. À la sortie de l’école, des élèves s’affrontement à coup de pierres, de gourdins, etc. Ces bagarres dégénèrent souvent dans toute la ville et crée une psychose auprès de la population qui reste terrée dans les maisons pour éviter d’être blessé par des projectiles.

Comment être surpris de cette situation quand on sait que l’État s’est en grande partie désengagé du système éducatif depuis des décennies. L’école n’est plus la priorité des autorités de ce pays.

Les établissements scolaires sont en nombre insuffisant. Les salles de classe sont surchargées. Il n’est pas rare de trouver des salles de classe avec plus de 100 élèves. Un banc initialement prévu pour deux élèves doit en accueillir trois ou quatre. Parfois, certains élèves prennent les cours debout. Les enseignants sont en nombre insuffisants et sont pour la plupart au bord du surmenage. Le matériel didactique, des supports de cours et autres laboratoires manquent cruellement.

L’unique lycée de Tiassalé, vieux de plus de 50 ans a atteint un niveau de délabrement avancé. Il n’y a même pas de toilette, c’est dans une plantation d’hévéa proche du lycée que les élèves vont se soulager.

S’ajoute à cela la misère d’une grande partie des élèves due à la pauvreté des parents. En majorité des paysans, ils subissent de plein fouet la baisse du prix d’achat de leurs produits agricoles que sont le cacao, le palmier à huile, l’hévéa, le café et la banane.

Dans ce pays comme ailleurs, l’école publique n’est que le reflet de la société inégalitaire dans laquelle nous vivons. Les jeunes issus des milieux populaires n’échappent pas aux conséquences néfastes du capitalisme même s’ils ne sont pas directement exploités comme leurs parents qui triment dans les usines, les chantiers, les hôpitaux, les bureaux ou dans de nombreux autres secteurs d’activité urbaine ou rurale. Ils ont leur rôle à jouer pour changer cette société afin qu’elle devienne plus vivable pour tous