Solidarité avec les mineurs en grève

05 juin 2014

Afrique du sud

Cela fait quatre mois que 80 000 mineurs du platine sont en grève en Afrique du Sud pour des augmentations de salaire. Ils réclament un salaire de 12 500 rands (825 euros). Ce ne serait que justice que les compagnies minières accordent les augmentations réclamées par les travailleurs car durant des dizaines d’années que ces mines existent, ces compagnies et leurs actionnaires ont réalisé des profits colossaux sur la sueur des travailleurs mais aussi sur leur sang car beaucoup se sont blessés gravement au fond des galeries réputées dangereuses voire meurtrières.

En face des mineurs, il y a d’abord les patrons de trois firmes, parmi les plus puissantes au monde ; Il y a aussi le gouvernement s ud africain qui demande aux patrons de ne pas céder et qui envoie sa police harceler les grévistes et leurs familles jusque dans les habitations précaires jouxtant les mines. Le président Jacob Zuma a lancé un appel à mettre fin au mouvement et sa ministre des Ressources minières est montée au créneau pour s’assurer que les compagnies minières restent unies et ne cèdent pas. L’une d’entre elles, Impala Platinium, qui était sur le point de céder, a été sommée de ne pas faire de concession aux grévistes.

Une autre de ces compagnies a tenté de faire tourner sa mine avec des personnes non grévistes. Ce fut un échec car les partisans du syndicat AMCU, majoritaire dans le mouvement se sont opposés physiquement à cet enrôlement. Ce syndicat, majoritaire dans ce secteur depuis que son rival le NUM lié à la centrale syndicale nationale COSATU et à l’ANC au pouvoir, s’est révélé être complètement corrompu et incapable de porter les aspirations des mineurs du platine.

C’est dans la lutte anti-apartheid que l’ANC et le COSATU se sont forgés. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’aux années 90, des milliers, des dizaines de milliers de militants ont défendu, génération après génération, la cause noire, et aussi la cause ouvrière, qui étaient sinon confondues, du moins fortement imbriquées. Le Parti Communiste d’Afrique du Sud en a regroupé toute une partie. Et il a mis leur énergie, leur dévouement, leur combativité, leur audience, au service des dirigeants nationalistes de l’ANC. Ceux-ci, arrivés au pouvoir, ont révélé au grand jour qu’ils étaient, au mieux, des serviteurs désintéressés, de la bourgeoisie, et au pire, des carriéristes corrompus à la Jacob Zuma. Et la combativité des masses noires s’est épuisée en vain, comme celle des masses algériennes trahies par le FLN qu’elles avaient porté au pouvoir.

Aujourd’hui, les luttes que mènent les responsables d’AMCU visent en partie les compagnies minières et l’exploitation qu’elles imposent aux travailleurs. Mais ce syndicat se sert aussi de la combativité des travailleurs pour s’imposer comme unique représentant des travailleurs c’est-à-dire avoir le monopole syndical dont jouissait le NUM auprès des patrons des mines auparavant. Ces deux appareils n’hésitent pas à recourir à des méthodes de gangsters pour se combattre mutuellement avec la peau des travailleurs, ceux-là même qu’ils prétendent défendre. Cinq personnes ont été assassinées à l’arme blanche depuis le début du mois de mai.

La détermination des travailleurs de ce secteur est grande. Rappelons qu’en août 2012, bien que la police ait fait 34 morts dans leurs rangs, les travailleurs n’ont accepté de reprendre le travail qu’après que les compagnies ont annoncé des engagements. Ces promesses sont restées lettre morte, alimentant un légitime sentiment de frustration parmi les grévistes. Ce sentiment, associé aux conditions de vie misérables qu’eux-mêmes et leurs

familles mènent dans les taudis insalubres qui leur tiennent lieu d’habitation, dépourvus de toute infrastructure sanitaire, sont pour beaucoup dans la colère et la détermination des travailleurs.

Mais la force des mineurs du platine ce n’est pas seulement le degré de radicalité. C’est aussi la conscience de classe, le dévouement à la cause des travailleurs dont un certain nombre de militants peuvent faire preuve. Ces militants existent. Ils ne peuvent pas ne pas exister au sein d’un mouvement de l’ampleur de celui des mineurs. Ils sont forcément des dizaines, voire des centaines d’hommes et de femmes dévoués à la cause.

Ce sont ces militants précieux et indispensables qui, s’ils ont conscience que la direction de leurs syndicats, et celle de l’ANC qui est à la tête du pays, sont complices de leurs patrons, et s’ils sont à même de proposer à leurs camarades grévistes une politique et une ligne de conduite dictées par leurs seuls intérêts de classe, peuvent mettre en échec l’intransigeance des rois de la mine. Et en tout état de cause, seul un Parti Communiste Révolutionnaire regroupant tous ces militants issus de la lutte et conscients du rôle révolutionnaire de la classe ouvrière pourra, à travers cette lutte ou par la suite, faire déboucher l’énergie et l’enthousiasme des masses exploitées d’Afrique du Sud.