Seg ou « alliances » : les travailleurs en ont vu d’autres !
Le quotidien des travailleurs
SEG est l’entreprise qui est chargée de la construction de huit mille logements prétendument « sociaux et économiques » à Anyama, à 15 Km au nord d’Abidjan. Il s’agit de la « Résidence Akwaba » qui s’étalera sur une superficie de 65 hectares. Le démarrage des travaux a été lancé en grande pompe par le roi du Maroc le 26 février 2014. SEG n’est qu’un prête-nom derrière lequel se tapit le groupe marocain « Alliances » qui espère réaliser d’énormes profits sur le dos des travailleurs.
Ces travaux qui ont démarré il y a un peu plus d’un an, se déroulent dans des conditions déplorables pour l’ensemble des travailleurs. Pour apporter des améliorations, ces derniers ont au début, mené de petites luttes contre la direction. Ce fut d’abord des arrêts de travail spontanés pour refuser soit le licenciement abusif d’un de leurs collègues, soit pour protester contre les retards de salaire.
Mais comme la direction persistait dans sa manière de faire, les travailleurs ont commencé par faire des réunions collectives. Ils se sont organisés et ont désigné leurs délégués. Prenant ainsi conscience de leur force et du fait que ce sont eux qui produisent la plus-value, ils ont décidé de faire valoir leurs revendications. Organisés en syndicat, ils ont adressé une liste de revendications. Ils réclament entre autres : le respect du salaire catégoriel des manœuvres, la déclaration de tous les travailleurs à la CNPS, une augmentation de salaire, des bulletins de paie, l’élection des délégués, etc.
Une fois les revendications déposées, la direction a d’abord commencé par un jeu d’intimidation en accusant les travailleurs d’être des fauteurs de troubles. Comme cela ne marchait pas, elle a ensuite saisi les autorités d’Anyama, que les travailleurs avaient pris le soin d’informer de leurs revendications. La direction de SEG leur a dit qu’elle n’était pas l’employeur de ces travailleurs, que l’employeur serait une certaine entreprise dénommée « Arc-en-ciel ». De ce fait, elle n’est donc pas l’interlocutrice directe des travailleurs. Mais à ce jeu de ping-pong, les autorités préfectorales d’Anyama ont dit « niet » et demandé à SEG de répondre aux revendications des travailleurs.
C’est pour ne pas donner une suite favorable que la direction a profité de l’accident qu’a eu le directeur de chantier. Ce dernier faisait un tour pour voir l’évolution des travaux, quand des chutes de gravas qu’un manœuvre versait du haut d’un immeuble lui ont parait-il écorché la tête. Ce fut, en tout cas, une occasion pour mettre tout le monde à la porte. Et pourtant sur ce chantier, il n’existe aucune mesure de sécurité ni de matériel élémentaire de protection. Les travailleurs ont maintes fois réclamé ces moyens, mais en vain. C’est pourquoi d’ailleurs cette réclamation fait partie de leurs revendications.
Une semaine après, une fois que la direction a cru avoir atteint son objectif qui est de diviser et affaiblir les travailleurs, elle a commencé à recruter les mêmes travailleurs. Pour le faire, elle a procédé par des coups de téléphone à ceux qu’elle souhaite reprendre. Ainsi, les travailleurs considérés comme des meneurs seront laissés sur le carreau.
Mais les travailleurs qui restent soudés et mobilisés se passent l’information. Surtout, ils appellent leurs représentants pour savoir s’il faut reprendre le travail ou pas.
Ce geste déjà montre la détermination des travailleurs et donne à espérer qu’ils seront prêts à reprendre ensemble la lutte, en étant sur le chantier ou pas. Le groupe marocain « Alliance » ne s’en tirera pas comme ça, par un tour de passe-passe !