Santé : méthode kangourou pour couvrir l’incurie de l’État !

14 février 2023

LEUR SOCIÉTÉ

Lors de sa visite, le 24 janvier, au service pédiatrie du CHU de Treichville, le ministre de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle a décidé de faire la promotion de la « méthode Kangourou ». Elle consiste, pour les parents, à attacher leur bébé prématuré peau contre peau et 24 heures sur 24 afin de maintenir une température constante du prématuré.

Cette méthode a vu le jour en 1978 en Colombie pour faire face aux pouponnières surpeuplées, au manque de couveuses, ce qui entrainait infections et mortalité élevée chez les bébés prématurés. Elle a permis de diminuer le nombre d’hospitalisations et de pallier l’insuffisance de moyens des hôpitaux publics. Toutefois, elle ne convient pas pour tous les prématurés et nécessite un suivi particulier et une formation adéquate pour les parents et le personnel de santé. Ce qui n’est pas toujours le cas !

Selon les statistiques du CHU de Treichville, sur 571 bébés prématurés, 566 ont survécu grâce à cette méthode. Le ministre veut donc augmenter la capacité du centre.

Il y a une proportion élevée de décès en Côte d’Ivoire chez les prématurés car l’accès aux couveuses dans les hôpitaux publics est un vrai parcours de combattant. Par manque de place, des professionnels véreux les vendent au plus offrant. Souvent des bébés se retrouvent à deux dans une même couveuse en dépit des risques encourus. On ne parle même pas de la vétusté de certains équipements dans les hôpitaux publics. Matériel vieillissant, inadapté ! Donc des investissements dans le matériel est plus que nécessaire pour soulager parents, enfants et personnel de santé.

En clinique, chaque jour dans une couveuse coûte entre 80 000 F et 100 000 FCFA, ce qui est hors de portée de la majorité des parents. De plus, la méthode Kangourou demande du temps aux parents et doit être plus un choix qu’une contrainte.

Or, dans nos hôpitaux sous équipés, que ce soit en personnel ou en équipements, une telle méthode risque de devenir la norme au lieu d’être l’exception. Ce sera une fuite en avant de nos dirigeants incapables de faire les investissements qui s’imposent car la santé des pauvres n’est pas leur priorité !