Privatisation des hôpitaux : une mesure antipopulaire

05 avril 2019

LEUR SOCIÉTÉ

Le 12 Mai dernier, le gouvernement a annoncé l’adoption d’un avant-projet de loi pour soi-disant réformer les hôpitaux publics. Désormais, les CHU, les CHR et les Hôpitaux Généraux deviendront des Établissements Publics Hospitaliers (EPH). Pour justifier ce changement, le porte-parole du gouvernement dit en substance : « Ce projet de loi engage une réelle modernisation de la gouvernance de l’organisation et du fonctionnement des établissements hospitaliers compte tenu de la faculté reconnue aux EPH d’exercer suivant un mode de gestion privé ». Ces gens-là savent trouver des phrases tarabiscotées pour enrober leurs coups fourrés contre les pauvres. En réalité, les hôpitaux publics seront construits, équipés, entretenus par l’État, mais c’est la gestion qui sera confiée au privé. Donc l’État investit, et ce sont des privés qui ramassent le profit. C’est exactement le même mode de fonctionnement qu’ont la CIE et la SODECI qui ont été privatisées dans les années 90.

Face à la grogne que cette annonce a suscitée dans la population, le ministre de la Santé s’est répandu dans les médias pour affirmer qu’il ne s’agit pas d’une privatisation. Mais tous ces arguments ne convainquent personne.

Depuis des décennies, l’État se désengage progressivement du secteur de la santé. Aujourd’hui le ratio médecin-population est à un médecin pour près de 6000 habitants. Là où l’État s’est engagé à consacrer 15 % de son budget à la santé, il n’en consacre que 6 %.

Le résultat de cette politique est que les hôpitaux publics sont devenus des mouroirs pour pauvres. Il manque de tout : médicaments de première nécessité, lits d’hospitalisation, personnel soignant, etc. Les coûts des soins ne cessent de grimper. Nombreux sont les travailleurs et les populations pauvres qui ne peuvent plus s’y soigner. Les cliniques privées, n’en parlons même pas.

Quoi d’étonnant alors que de nombreuses personnes aient recours à l’automédication, aux médicaments de la rue, sans parler de charlatans qui prolifèrent dans tous les coins.

Si le gouvernement voulait vraiment moderniser les hôpitaux publics, il commencerait par investir massivement dans le domaine de la santé, en construisant de nouveaux hôpitaux, en équipant réellement ceux qui existent, en recrutant massivement des personnels soignants. Mais au lieu de ça, le pouvoir se sert du prétexte de la dégradation des hôpitaux pour encore plus servir la soupe aux riches.