Pour un sans-papier décoré, combien d’expulsés ?

15 juin 2018

France

Le samedi 26 mai, Mamadou Gassama, jeune malien de 22 ans sans papier, a grimpé la façade d’un immeuble parisien de quatre étages, au péril de sa vie, pour sauver un enfant suspendu dans le vide. Son exploit a ému des millions de personnes en France comme au Mali ou ailleurs en Afrique où il a été largement relayé par la télévision et les réseaux sociaux.

Aussitôt après, Macron l’a reçu à l’Élysée pour le déclarer « héros de la France » et il lui accordé la naturalisation. De son côté la maire de Paris, Anne Hidalgo, lui a décerné la médaille Grand Vermeil de la ville. Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, y est aussi allé de son couplet, histoire de tirer la couverture à soi.

Auparavant, Mamadou Gassama a vécu l’enfer comme des dizaines de milliers de migrants. Il a tenté de gagner l’Europe en traversant le désert du Niger. Il est resté un an en Libye où il a été emprisonné. Ensuite il a franchi la Méditerranée pour gagner l’Italie et la France. Il a rejoint son frère dans un foyer surpeuplé de Montreuil et travaillé au noir dans le bâtiment.

Pour Macron c’était une belle occasion de redorer son blason à peu de frais. Sa politique consiste surtout à mener des actions répressives envers les migrants en général. Il durcit le droit d’asile ; des dizaines de milliers sont matraqués et expulsés.

Même Aymen Latrous, un jeune Tunisien sans papier qui avait sauvé des flammes deux jeunes enfants en 2015 était sous la menace d’une expulsion. Ce n’est que lorsque les télévisions ont raconté son geste héroïque que soudain le préfet a décidé de le recevoir pour discuter de sa situation. C’est la politique de la carotte et du bâton.