Ouattara et Goïta veulent tromper les travailleurs
MALI – CÔTE D’IVOIRE
Plus de deux mois après l’arrestation des 49 soldats ivoiriens par les autorités maliennes, la crise entre les deux États semble s’éterniser. Les galonnés putschistes de Bamako continuent de maintenir que ces soldats sont des mercenaires que Ouattara a envoyés au Mali pour déstabiliser leur pouvoir. Ce que bien entendu, Ouattara nie en affirmant qu’ils ont été envoyés au Mali dans le cadre de la Minusma (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali). Malheureusement pour Ouattara, les autorités onusiennes n’ont pas confirmé clairement sa version.
Le ton est monté d’un cran lorsqu’Assimi Goïta, le chef de la junte malienne, a proposé de libérer les soldats ivoiriens en échange de l’extradition par l’État ivoirien de trois politiciens maliens partis se réfugier en Côte d’Ivoire (Karim Keïta, fils de l’ancien président IBK, Boubou Cissé ancien Premier ministre et Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre).
Ne voulant pas paraître comme quelqu’un qui cède devant la pression, Ouattara a accusé Assimi Goïta de « prendre en otage » les soldats ivoiriens. On entend petit à petit monter un climat nationaliste entretenu par le gouvernement ivoirien autour des « vaillants soldats ivoiriens » qui seraient partis au Mali pour défendre ce pays contre les groupes terroristes. Il en va de même du côté des dirigeants maliens. Ils multiplient leurs discours contre les dirigeants de la CEDEAO, dont Ouattara, qui veulent, disent-ils, mettre le Mali à genoux, etc. Chacun, en entonnant des discours nationalistes, ne fait que profiter de cette crise pour se renforcer.
Jusqu’à présent, la tension entre les deux protagonistes est restée au niveau diplomatique. Qu’en sera-t-il demain si la tension monte d’un cran ? Le moindre incident peut se transformer en déflagration. On n’en est pas encore à la chasse aux maliens à Abidjan, ni à la haine contre les ivoiriens à Bamako. Mais d’un côté comme de l’autre, nos dirigeants sont capables d’entrainer leurs populations dans la violence intercommunautaire pour sauver leur place au pouvoir.
Au Mali comme en Côte d’Ivoire, les travailleurs n’ont aucun intérêt à apporter leur soutien à ces dirigeants qui, par-delà leur nationalité et leur parcours politique, sont des ennemis de la classe ouvrière et de tous les exploités.