Mines d’or : ceux qui en profitent et ceux qui en pâtissent

27 février 2015

La production d’or en Côte d’ivoire est passée de 7 tonnes en 2009 à environ 24 tonnes en 2014.

Ce sont essentiellement quatre sociétés qui tirent cette production. Elles sont anglaises, canadiennes et australiennes. Ainsi, la mine d’or de Tongon, au Nord de Korhogo, est exploitée par Randgold Resources, une entreprise anglaise, qui représente à elle seule 40% de la production totale ; Celle d’Ity est exploitée par une entreprise Canadienne, La Mancha ; celle d’Agbaou, par une autre entreprise canadienne, Endehavour mining ; celle de Bonikro, par Newcrest mining, une entreprise australienne.

De tous ces endroits, les petits orpailleurs ont été chassés par les forces armées gouvernementales. Par ailleurs, les populations qui habitent ces régions subissent la pollution liée à l’exploitation de l’or. Ainsi, par exemple, il y a de cela deux mois, à quelques kilomètres au nord de la ville de Korhogo, des riverains ont trouvé des poissons morts flottant dans un lac ainsi que dans les rizières environnantes. Ils ont été contaminés par du cyanure qui est un produit hautement toxique servant à nettoyer l’or de ses impuretés.

On a découvert par la suite que ce poison s’était « échappé » de la mine d’or de Tongon de Randgold Resources, depuis un tuyau souterrain qui était sans protection. Il était fissuré sur deux mètres par le poids des camions qui passent tous les jours dessus. L’affaire est d’autant plus grave que le barrage de Tongon, qui s’étendrait sur 25 km, fournit 80% des poissons consommés à Korhogo.

Plusieurs organismes gouvernementaux ont été saisis de l’affaire. Notamment la « Direction régionale de l’environnement », le « Centre ivoirien antipollution » (Ciapol), « l’Agence nationale de l’environnement » et la « Direction régionale des mines ». Comme on pouvait s’y attendre, ils ont conclu que ce « barrage de Tongon n’a pas été touché par cette pollution » et que « la vie de la population n’est pas en danger ». Rien sur la nappe phréatique qui a peut-être été polluée ; rien non plus sur les points d’eaux et les rizières qui ont été touchés. Silence, dans cette société capitaliste, le profit est roi et la vie des populations pauvres compte pour quantité négligeable ! Ouattara n’a-t-il pas déclaré en début d’année que « notre pays continuera sa marche vers le progrès » ? Le progrès dans l’entendement de ces gens-là, c’est de permettre aux riches de s’enrichir, quelles qu’en soient les conséquences sur les populations. Quel riche ira boire cette eau et consommera de ces poissons pollués ? Certainement pas Kablan Duncan qui s’est justement rendu à Tongon à la direction Randgold Resources le jeudi 5 février. La presse gouvernementale n’a même pas fait allusion à la grave pollution que cette entreprise venait de provoquer. C’était au contraire une occasion pour Kablan Duncan d’annoncer le début des travaux de deux nouvelles mines d’or, celle de Sissingué et d’Afféma.

Les profits ont de beaux jours devant eux quitte à empoisonner les cours d’eau et les lacs.