Madagascar – Le président collectionne les trophées pour mieux cacher sa responsabilité dans la situation catastrophique qui prévaut dans le pays

08 mars 2025

Le 22 février dernier, Andry Rajoelina (le chef de l’État) s’est rendu à Casablanca, capitale industrielle du Maroc, pour y recevoir le trophée de «Leader politique africain de l’année 2025». Il doit avoir une sacrée estime de lui-même puisque ce jour-là, il a fait un discours dans lequel il a prétendu jouer un rôle de « leadership… qui exerce avec vision et détermination». Un des organisateurs de cette sorte de mise en scène guignolesque, a salué en lui «un visionnaire éthique ayant la capacité de transformer le pays».

Au sein des classes pauvres, bien peu de gens se font des illusions sur les beaux discours du président et sur ceux des personnalités qui en font les louanges. D’une année sur l’autre les conditions de travail et de vie de la population sont devenues catastrophiques dans le pays. C’est particulièrement flagrant dans les zones industrielles dites «franches» qui, au fur et à mesure des multiples réformes favorables aux employeurs, sont devenues des sortes de bagnes de la production. Les conditions de travail y sont infernales. Là comme ailleurs dans le pays, le pouvoir d’achat des travailleurs dégringole à grande vitesse.

Dans les régions défavorisées par le climat, la famine et la malnutrition continuent à faire des ravages, surtout dans le Grand-sud en voie de désertification accélérée. À tel point que beaucoup de gens ne savent pas comment trouver ne serait-ce qu’un semblant de graines ou de racines comestibles susceptibles de tromper la faim qui tenaille en permanence le ventre de leurs enfants. Lors d’une récente interview, le Chef de l’État a invoqué son ambition de faire en sorte que le pays devienne un futur «grenier à riz de l’Afrique», grâce dit-il « aux résultats concluants » obtenus par les semences hybrides en provenance de Chine. En attendant la réalisation de cet objectif, la population devra sans doute se contenter d’espoir et d’eau fraiche, encore faut-il qu’il y en ait.

Actuellement les classes pauvres continuent leur descente aux enfers. Selon une estimation du FMI et de la Banque Mondiale datant de décembre 2024, Madagascar connait l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde.

Tout cela n’empêche nullement les riches de tout poil ainsi que les dirigeants, de se pavaner dans un luxe insolent. Leur richesse et leur prodigalité ne proviennent pas de nulle part, elles sont le résultat de l’exploitation féroce qu’ils font subir aux travailleurs et aux paysans pauvres.