Éditorial

L’État dépense des milliards pour entretenir des parasites mais refuse d’augmenter le salaire des enseignants et du personnel hospitalier

05 mai 2019

Éditorial

Au personnel hospitalier et un peu plus tard, aux enseignants qui ont fait une longue grève pour réclamer des augmentations de salaires et des primes de logement, entre autres, le gouvernement a répondu avec mépris que les caisses de l’État ne pouvaient pas supporter de dépenses supplémentaires. Mais cela n’a pas empêché Ouattara d’inaugurer le 11 avril dernier, la chambre du sénat, son nouveau joujou pour caser des amis. Cela coûtera annuellement 3,375 milliards aux caisses de l’État, c’est-à-dire à l’ensemble de la population.

À ces milliards dépensés pour engraisser 99 sénateurs (dont le tiers est nommé directement par le président et les deux autres tiers « élus » par seulement 7010 « grands électeurs ») et quelques hauts fonctionnaires qui serviront à faire fonctionner cette institution, il faut ajouter 4,5 autres milliards annuels pour la « Chambre des rois et des chefs traditionnels », autre création de Ouattara destinée à entretenir des parasites survivants des temps anciens et dont la seule « utilité » est d’entretenir l’esprit de soumission au sein de la population et donner des consignes de vote.

C’est avec le même aplomb que Ouattara s’est adressé aux travailleurs du secteur privé en disant que « ce n’est pas possible » d’augmenter les salaires sous prétexte que cela ruinerait la « compétitivité de l’économie ivoirienne ». « Arrêtez de rêver » avait-il lancé au Secrétaire général de la Confédération « Dignité » lorsque celui-ci était venu gentiment présenter sa « doléance » lors de la cérémonie officielle du 1er Mai à la présidence l’année dernière.

Cette année encore, à l’occasion du 1er Mai on aura droit au même cérémonial et aux mêmes courbettes des dirigeants syndicaux devant le chef de l’État. C’est lamentable de voir des gens qui prétendent représenter les revendications du monde du travail mais qui s’aplatissent devant le représentant en chef des intérêts de la classe des exploiteurs, celui-là même qui traite avec mépris les petits fonctionnaires et l’ensemble du monde ouvrier. Non, le 1er Mai n’est pas le symbole des courbettes et des salamalecs des travailleurs devant le représentant de la bourgeoisie mais au contraire celui de la lutte farouche de la classe ouvrière du monde entier contre l’exploitation.

Les petits employés de l’État comme l’écrasante majorité des travailleurs du secteur privé vivent les mêmes difficultés de fin de mois. D’années en années leur situation s’aggrave au lieu de s’améliorer. Les dirigeants au pouvoir se vantent du taux de croissance relativement élevé de l’économie du pays durant ces dernières années, les actionnaires capitalistes des grandes entreprises se frottent les mains car leurs profits n’ont jamais été aussi juteux. Mais ceux qui produisent les richesses et sans qui rien de fonctionnerait dans ce pays, c’est-à-dire, l’ensemble du monde du travail, sont les laissés pour compte de cette économie basée sur la concurrence et la recherche du profit. Leur avenir ne dépend pas du nombre de courbettes des dirigeants syndicaux devant les tenants du pouvoir politique et économique mais de leur seule capacité de se mobiliser et de lutter avec détermination pour l’amélioration de leurs conditions d’existence.