Les habitants du quartier Abattoir ont été chassés avec des méthodes de vandales !
Aux premières lueurs de l’aube, le quartier de l’abattoir de Port-Bouët s’est réveillé au bruit des bulldozers et des cris de détresse.
Le samedi 1er juin dès le matin, sans prévis, les forces de l’ordre ont encerclé le quartier et ont exigé que les habitants l’évacuent immédiatement. Après l’état de choc, les habitants ont commencé à répondre à l’agression subie. Les affrontements avec les forces de l’ordre se sont soldés par une vingtaine de blessés et 23 arrestations. Deux véhicules des forces de l’ordre, deux portes-char et deux bulldozers ont été incendiés par les habitants en colère.
Une fois que la nuit fut tombée et que les habitants furent rentrés chez eux, les forces de l’ordre ont de nouveau chargé comme des bandits et des vandales. Armées de gaz lacrymogène et accompagnées de bulldozers, elles ont rasé le quartier, laissant derrière elles des milliers de personnes sans abri.
Les autorités prétendent que ces habitants ont été chassés parce que leur site ne serait pas approprié pour l’habitation. Pourtant certains y vivent depuis près de cinq décennies et n’ont jamais vu les autorités à l’œuvre pour l’amélioration de ce quartier insalubre. Et puis du jour au lendemain, sans avoir proposé le moindre relogement, on a jeté dehors les résidents en pleine période pluvieuse. Ils ont vu leur monde s’effondrer et se retrouvent désormais dans une situation de détresse comme après un bombardement.
Quant aux commerçants de bétails qui espéraient faire de bonnes ventes à l’approche de la tabaski, ils se retrouvent sans lieu de travail ni de domicile. Ils expriment leur mécontentement sur le nouveau site qui leur a été imposé, dépourvu d’électricité et d’eau courante, une terre boueuse propice à toutes sortes de maladies pour les habitants et pour le bétail.
Évidemment, la presse bourgeoise a titré : « zéro tolérance pour le vandalisme » ou encore « lutte contre le désordre urbain à Abidjan ». Mais pour les travailleurs et les pauvres, les vandales et les auteurs de désordre sont dans le camp des riches. Un peu partout à Abidjan l’État chasse les habitants des quartiers pauvres sous prétexte de la lutte contre l’insalubrité. En réalité, l’objectif de ces opérations révoltantes c’est de libérer les terrains occupés par les pauvres pour les céder aux riches qui veulent les transformer en espace commercial ou en lieu d’habitation destiné à une clientèle aisée.