Les causes de la violence xénophobe

29 septembre 2019

Afrique du sud

Une nouvelle flambée de violence touche depuis quelques semaines un certain nombre de grandes villes sud-africaines. Dans les quartiers pauvres des townships de Johannesburg, les petites boutiques tenues par des immigrés sont attaquées et détruites. De nombreux étrangers sont ainsi victimes de ces attaques xénophobes. En une semaine, il y a eu 12 morts. La police a tiré des balles en caoutchouc sur une foule de plusieurs centaines de personnes armées de bâtons et qui exigeaient le départ des étrangers dont la plupart est originaire des pays d’Afrique.

L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, attire des millions d’immigrés africains à la recherche d’une vie meilleure. Depuis très longtemps, dans les mines du pays, la majorité des travailleurs sont des immigrés du Mozambique, du Zimbabwe, du Lesotho et de Namibie. Mais depuis plus de vingt ans, une nouvelle vague de migrants plus instruits, est venue occuper des postes dans les magasins, et surtout a ouvert des petites boutiques dans les townships. Ceux-là sont les plus attaqués. Un certain nombre de Zimbabwéens et de Mozambicains ou des Nigérians ont commencé à quitter l’Afrique du Sud.

Ce pays est frappé par un fort taux de chômage (29%) et la pauvreté s’aggrave d’année en année. Seule une petite minorité faisant partie de la classe aisée (la bourgeoisie d’affaires et celle liée au pouvoir) profite largement des richesses du pays.

Les dirigeants du pays se sont servis des migrants comme boucs émissaires pour tenter de masquer leurs responsabilités dans la dégradation des conditions d’existences des classes populaires. Ils ont cherché à diviser pour mieux régner. Déjà en 2008, il y avait eu des émeutes xénophobes qui avaient fait 62 morts dans les townships de Johannesburg et Durban.

Maintenant qu’il y a le feu et que le nombre de victimes des violences xénophobes grandit, le chef de l’État sud-africain, Cyril Ramaphosa, déclare que « son gouvernement ne laissera pas l’anarchie et la violence s’installer (…). La majorité des étrangers respectent la loi et ont le droit de vivre ici… ». Mais c’est trop tard car le mal est fait.

L’Afrique du Sud n’est, hélas, pas le seul pays d’Afrique où la xénophobie fait des ravages. On a déjà vu des flambées du même genre au Gabon, au Sénégal, en Mauritanie, au Kenya ou en Côte d’Ivoire, pour ne citer que ces quelques pays.

Le racisme et la xénophobie sont les sous-produits du capitalisme en crise. Les politiciens locaux les utilisent pour diviser les travailleurs, pour qu’ils ne prennent pas conscience que par-delà la diversité de nationalité, d’ethnie, de religion ou de couleur de peau, ils font partie de la même classe exploitée par la bourgeoisie, elle-même aussi diverse et variée. On ne mettra fin au racisme, à la xénophobie et à bien d’autres tares du capitalisme qu’en mettant fin à ce dernier.