Le quotidien des travailleurs – Payer pour se faire exploiter, une lutte quotidienne pour les travailleurs
Le marché de l’emploi dans les zones industrielles devient de plus en plus compétitif non pas sur le plan de la qualification, de la compétence ou du diplôme du travailleur mais sur le critère de la quantité d’argent qu’il faut mettre sur la table pour corrompre le petit chef recruteur.
Dans la zone industrielle de Koumassi, un ouvrier raconte : « je dois être présent avant 6 heures du matin devant une usine. Nous sommes des dizaines à attendre le responsable qui arrive à 7h pour choisir ceux d’entre nous que son patron va exploiter pour la journée. La journée de travail va de 8h à 12h selon les entreprises. On se bouscule pour être plus proche du recruteur avec parfois un sourire aux lèvres, ou on bombe notre poitrine pour lui montrer que nous sommes aptes. Ceux qui n’ont pas été recrutés retournent à la maison pour revenir une prochaine fois. Ce qui est révoltant, c’est que tu peux travailler aujourd’hui et le lendemain ne pas être repris. Pour obtenir du travail et subvenir aux charges quotidiennes de la maison, c’est plus que le parcours du combattant. Même si on en trouve, le salaire est tellement insuffisant que nous vivons à crédit. À l’usine, c’est la chaleur, on se croirait dans une prison. Il y a des usines où tu n’as pas le droit de causer. Si par malheur le patron te surprend entrain de parler il te met dehors sans payer ta journée. Il y a aussi les fréquents accidents dont les frais de soins sont à notre charge ».
Dans la zone industrielle de Yopougon certains petits chefs chargés du recrutement escroquent ceux qui sont à la recherche d’emploi. On doit leur payer 50.000 Fr pour être recruté pour une période de 6 mois non renouvelable. Ce genre de pratique gagne du terrain sur le marché de l’emploi.
Nous les travailleurs, nous ne pouvons pas attendre du gouvernement qu’il mette fin au système du travail journalier ou aux contrats précaire. Au contraire, il ne fait que défendre ce qui favorise le plus nos exploiteurs. Ce système occasionne une concurrence entre nous les travailleurs tandis que les capitalistes profitent du chômage de masse pour nous exploiter davantage. C’est à nous de nous défendre ensemble face à ces rapaces et ces parasites.