Éditorial

La classe ouvrière devra renverser la bourgeoisie !

08 février 2025

À l’approche de l’élection présidentielle qui se tiendra en octobre 2025, les dirigeants politiques et leurs clans respectifs sont entrés en compétition pour la course à la mangeoire gouvernementale. Ils alternent au pouvoir depuis 65 ans et donnent l’illusion d’un changement. La bourgeoisie dispose pour cela d’une palette de dirigeants politiques qui se succèdent au pouvoir et qu’elle peut renouveler au besoin de ses intérêts.

Alors, les hommes de paille de la bourgeoisie peuvent changer de temps à autre pour qu’elle puisse continuer à exploiter à sa guise l’ensemble des travailleurs et des petits paysans. Les riches continuent de s’enrichir pendant que les travailleurs et les populations pauvres s’appauvrissent au point que la misère et la précarité gagnent aujourd’hui de nombreux foyers de travailleurs.

Les différentes structures de l’État, à commencer par son gouvernement, son appareil de répression, son administration, ses tribunaux et autres institutions sont faits pour permettre à cette bourgeoisie de dominer la société, de lui permettre d’accéder à une main-d’œuvre salariée quasi servile et corvéable à merci.

Dans les usines et les chantiers, le salaire est aujourd’hui de 5000 Fr quand il ne descend pas jusqu’à 2500 Fr la journée, avec des conditions de travail de plus en plus dégradées ! Ainsi, par exemple, à l’huilerie Aya à Yopougon, l’ouvrier est tenu de fournir lui-même sa tenue de travail ainsi que ses équipements de protection, sous peine de se voir interdire l’entrée à l’usine. À Darling, une usine qui produit des mèches de cheveux synthétiques, le rendement exigé est tellement élevé que certains travailleurs sont obligés de venir avant l’heure le lendemain pour terminer la production de la veille. À Nutri, entreprise agro-alimentaire, les travailleurs sont réduits à la mendicité et à la courbette. Comme partout dans la zone industrielle, ils sont en grande majorité des journaliers soumis à une exploitation féroce. À Gandour, usine de cosmétiques, la situation des travailleurs est la même qu’à Darling, Aya et Nutri mais en plus, les travailleurs sont tenus de se tenir au pas cadencé, au sens propre du terme, encadrés par des vigiles armés. Ils sont ensuite fouillés à la sortie, comme si c’était eux les voleurs ! À Filtisac, les journaliers sont régulièrement jetés dehors et restent sans salaire durant plusieurs jours. Qu’importe aux actionnaires de cette entreprise si les ouvriers et leurs familles crèvent de faim durant cette période, du moment qu’ils engrangent un maximum de profits ! Ce ne sont là que quelques exemples d’entreprises qui ont pignon sur rue.

Nombreuses sont aussi les usines qui n’ont ni enseigne ni nom, dans la zone industrielle de Yopougon ou de Koumassi, où les travailleurs sont enfermés à double tour entre quatre murs comme des prisonniers. Pour un salaire journalier d’environ 3.000 francs, ils doivent souvent travailler durant dix heures, de jour comme de nuit, dans des conditions de travail qui rappellent le début de la révolution industrielle en Europe, il y a de cela près de 200 ans !

C’est pour maintenir les travailleurs dans cet état de servilité que la bourgeoisie dispose d’une pléthore de forces de l’ordre prêtes à réprimer ceux-ci en cas de grève ou de révolte. Il en va de même de leur soi-disant « justice », plus prompte à envoyer un travailleur en prison après s’être vu accuser de vol de bouteilles d’huile ici, d’un bout de fer là, ou encore d’un flacon de produit cosmétique ailleurs. Des travailleurs écopent ainsi des peines de prison ferme à la demande de leurs exploiteurs ! Cette justice-là se moque bien de savoir que les travailleurs ainsi condamnés triment souvent depuis de nombreuses années comme journaliers pour enrichir les capitalistes, sans bénéficier d’un quelconque repos, ni d’un congé payé, ni d’aucune protection sociale ! Sans compter tous ceux qui sont mis à la porte après un « accident de travail », parce qu’incapables de travailler ; tous ceux aussi qui perdent leur vie au travail  ou qui bousillent leur santé à force de respirer des produits nocifs dans leur lieu de travail. Pour cette société capitaliste, les travailleurs ne sont rien d’autre que des esclaves salariés dont l’existence n’est justifiée à leurs yeux que si elle sert à les enrichir.

Voilà quels intérêts servent les Gbagbo, les Ouattara, les Thiam et leurs sous-fifres quand ils parviennent au pouvoir. C’est pour diriger une telle société d’exploitation qu’ils sont candidats à la présidentielle ! Tout le reste de ce qu’ils disent n’est que bavardage, posture et tromperie !

Alors, les travailleurs ne doivent rien attendre, ni des élections à venir, ni d’aucun dirigeant politique. Ils ne peuvent compter que sur leur propre force collective pour changer leur sort. Cette force est colossale car ce sont les travailleurs qui font tourner toute l’économie et sans eux la société ne peut pas fonctionner ! Si les travailleurs prennent conscience de cette force qui est entre leurs mains, ils ont les moyens de prendre la direction de la société et de l’État, en les arrachant des mains de la bourgeoisie.

Voilà pourquoi, toute lutte économique des travailleurs a aussi un caractère politique. Pour la mener à terme, les travailleurs ont besoin de construire une organisation communiste révolutionnaire internationaliste qui s’intègre à la lutte internationale des travailleurs dans la lutte contre la bourgeoisie à l’échelle de la planète.