La bataille entre les clans politiques et les enjeux pour la bourgeoisie
Tous les cinq ans, une élection présidentielle est organisée pour faire croire à la population que c’est elle qui choisit librement et démocratiquement ses représentants. Mais ce n’est qu’une parodie qui se termine parfois par un coup d’État.
Évidemment, il y a un enjeu pour les clans en compétition car chacun veut accéder au pouvoir pour mettre la main sur les caisses de l’État et pour profiter des privilèges et bien d’autres avantages que peuvent leur procurer le fait de contrôler l’appareil d’État. Voilà pourquoi, ces clans sont prêts à mettre le pays à feu et à sang et à enjamber des cadavres s’il le faut pour arriver à leurs fins.
Ces différents clans et les hommes à leur tête sont tous, sans exception, au service du capitalisme dont ils ne sont que les « grilleurs d’arachides », c’est-à-dire des auxiliaires. Les grands capitalistes, aussi bien locaux qu’internationaux, choisissent leur cheval pour essayer de se positionner au plus près des bonnes affaires. Ils n’hésitent évidemment pas à en changer en cours de route s’ils constatent qu’un autre candidat est en meilleure posture pour l’emporter.
Parmi les grands bourgeois locaux on peut citer les Marcos, Sougbafolo, Fakhry, Sayegh, Fadika, Diagou, N’Sikan, Khalil, Omaïs, Billon, etc. Au niveau international, il y a les grands groupes français, américains, chinois et autres qui ont des intérêts en Côte d’Ivoire.
Les firmes capitalistes sont en compétition pour s’arracher les marchés. La lutte est parfois acharnée entre elles. L’exemple éclatant, d’actualité, c’est l’attribution du contrat des travaux d’extension de l’aéroport d’Abidjan pour passer de deux millions à cinq millions de passagers par an. Le groupe CRIG (China Railway International Group) a été retenu par Amadou Gon Coulibaly alors Premier ministre et surtout candidat désigné pour succéder à Ouattara. Mais comme on le sait, le poulain de Ouattara est décédé juste avant l’élection et Ouattara a décidé au pied levé de se succéder à lui-même. Du coup, CRIG a perdu son contrat de plus de 300 milliards de Fr CFA qui était pourtant quasi ficelé. Il l’a perdu au profit des groupes français Bouygues (SETAO) et COLAS. Peu importe que ces derniers étaient déjà hors course et que leur devis était nettement plus élevé que celui de l’entreprise chinoise. On peut imaginer que l’État français, Macron en tête, a fait pression sur Ouattara pour que les capitalistes français emportent ce marché. On ne saura peut-être jamais la vérité sur les tractations en coulisse mais cela n’empêchera nullement l’impérialisme français de changer de cheval, même en cours de route, si demain ses intérêts l’exigent. Il l’a déjà fait précédemment avec Bédié puis avec Gbagbo.
La lutte pour le pouvoir est d’autant plus violente entre les clans politiques en compétition que le marigot n’est pas assez vaste pour que tous puissent y trouver de quoi satisfaire leur appétit. C’est dire que dans cette histoire, les intérêts des travailleurs et plus généralement des populations pauvres ne sont nullement pris en considération par ces crocodiles affamés.