Inégalités criantes de traitement entre anciens combattants
France
À l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, les médias ont parlé de la situation des anciens combattants africains des deux grandes guerres. Macron a même inauguré un monument dédié à la mémoire de ces anciens combattants venus des colonies, histoire de dire qu’ils n’étaient pas les grands oubliés de la guerre.
Les « tirailleurs sénégalais » étaient recrutés dans toute l’Afrique noire. Le terme « sénégalais » leur était donné du fait que le premier régiment de cette armée coloniale fut créé au Sénégal en 1857, par un décret de Napoléon III. Les soldats noirs étaient d’anciens esclaves recrutés au XVIIIe siècle, pour assurer la sécurité des navires de la Compagnie générale des Indes qui commerçait avec l’Afrique. Ils participaient aux guerres coloniales menées par la France.
En Afrique noire, le recrutement s’est fait au prix de fausses promesses mais aussi par la force brutale dans des conditions épouvantables, avec rafles et véritables chasses à l’homme, avec parfois la complicité des chefs de villages. Il y a eu des résistances comme en Haute-Volta (actuel Burkina) en novembre 1915, au Dahomey (actuel Benin) en 1916-1917.
Pendant la grande guerre (14-18), « tirailleurs sénégalais » et soldats français combattaient côte à côte dans les tranchées : aux Dardanelles, au Chemin des dames, à Verdun ou la Somme. C’était des compagnons d’armes. Tous avaient servi sous le même drapeau. Mais la France coloniale ne traitait pas les soldats africains de la même manière qu’elle traitait les soldats français.
Pendant la guerre, les Généraux plaçaient souvent les « tirailleurs sénégalais » en première ligne, ce que dénonçaient certains parlementaires dont le député sénégalais Diagne à l’assemblée ; le socialiste Jean Jaurès déplorait le fait « de les jeter d’emblée, par grandes masses, au premier rang de vos troupes européennes» ; les corvées dans les camps étaient généralement réservées aux soldats africains, etc.
À la fin de la guerre, «les tirailleurs sénégalais » qui avaient échappé à la boucherie rentraient chez eux, pauvres, affaiblis ou meurtris. La plupart ne recevaient aucune pension jusqu’à leur mort. La minorité qui a eu la chance d’en bénéficier ne touchait qu’une pension misérable, cinq fois moins qu’un ancien soldat français. Une injustice criante que les autorités françaises essaient tardivement de réduire. Mais entretemps, beaucoup sont morts tandis que les survivants réclament un rattrapage des sommes amputées.