Éditorial

Ils sont tous dans le camp des exploiteurs !

31 octobre 2020

Du fait du désistement de ses principaux adversaires, la réélection de Ouattara ne sera une surprise pour personne, même si dans de nombreux endroits les bureaux de votes sont restés fermés à cause des incidents provoqués par les partisans du boycott. Il y a eu des affrontements parfois violents avec les forces de l’ordre et on déplore déjà des morts et des blessés rien que durant les premières heures de l’ouverture du scrutin. La question est maintenant de savoir ce qui va se passer dans les prochains jours, notamment après la proclamation officielle des résultats. La crainte d’une flambée de violence est d’autant plus grande que depuis 1990 chaque élection présidentielle est jonchée de cadavres, les conflits ethniques et xénophobes sont exacerbés.

Tout cela n’a pourtant pas empêché le ministre des Affaires étrangères, Ally Coulibaly d’annoncer au corps diplomatique le 14 octobre, que « l’élection présidentielle du 31 octobre (…) se déroulera dans d’excellentes conditions ». Ainsi, la vingtaine de morts lors des affrontements à caractère ethniques ou « communautaires » qui ont eu lieu à peine un mois plus tôt, est déjà jetée aux oubliettes ! Et comme on pouvait s’y attendre, le 16 octobre, deux jours après cette déclaration, éclate un conflit entre Agni et Malinké, cette fois-ci à Bongouanou. Il y a eu 3 morts et une quinzaine de blessés. Quelques jours après, ce fut au tour de Dabou, avec cette fois encore plus de quinze morts et plusieurs dizaines de blessés.

Toutes ces tueries n’ont pas empêché Ouattara de déclarer le 27 octobre que « les conflits liés à cette élection sont maintenant derrière nous » grâce au déploiement de 35 000 éléments des forces de l’ordre qu’il a fièrement qualifiées d’armée « républicaine ». Rappelons que cette armée est constituée d’ex-Fds de Gbagbo auxquelles se sont ajoutées de façon massive les forces rebelles de Guillaume Soro et les milices armées qui ont porté Ouattara au pouvoir. Ces différentes forces armées se sont surtout illustrées il y a quelques années dans des tueries et des exactions envers les populations pauvres !

Ouattara s’apprête peut-être à fêter sa victoire mais qu’il ne se réjouisse pas trop tôt car avant lui, Robert Guéi puis Gbagbo prétendaient aussi avoir gagné les élections mais cela ne les a pas empêché d’être balayés. Et n’oublions surtout pas que l’histoire récente de ce pays a montré que le mot de la fin revient toujours à l’impérialisme français, leur maître à tous. C’est lui qui choisit en dernier ressort l’homme politique le plus crédible pour défendre ses intérêts dans ce pays qui fait partie de son pré carré. Ce qui lui importe le plus c’est que ses entreprises capitalistes installées dans la région continuent à faire du profit en exploitant les travailleurs et les petits paysans.

Voilà pourquoi, les travailleurs, tous les travailleurs, au-delà de leur diversité nationale, ethnie, religieuse, doivent se méfier de tous ces politiciens qui veulent diriger le pays. Quelle que soit l’équipe qui arrivera finalement au pouvoir, elle mènera inexorablement une politique favorable à la classe capitaliste. Les travailleurs, quant à eux, n’auront, pour améliorer leurs conditions de vie, que ce qu’ils seront capables d’arracher par leurs luttes collectives en ayant conscience que toute division entre eux ne fera que les affaiblir face à leurs exploiteurs et leurs oppresseurs.