Il y a un siècle, la révolution russe commençait
La révolution russe de 1917 constitue un évènement très important dans l’histoire de l’humanité : Pour la première fois la classe ouvrière de ce vaste pays arriéré et faiblement industrialisé, associée à la paysannerie pauvre et sans terre a, en un premier temps réussi à renverser un régime autocratique dictatorial détenu en l’occurrence par le Tsar Nicolas II. Un régime de type parlementaire appelé « Gouvernement provisoire », soutenu par les grandes puissances capitalistes occidentales, a été mis en place le 2 mars (du calendrier de l’ancienne Russie en retard de 13 jours par rapport au calendrier occidental). Huit mois plus tard, le 25 octobre, les travailleurs de ce pays, organisés dans des structures appelées Soviets (conseils en russe), font valoir leurs aspirations et réussissent à prendre le pouvoir.
Ces Soviets ne viennent pas de nulle part. C’est en effet lors de la révolution de 1905 que les travailleurs des villes, mais aussi les moujiks des campagnes (sorte de métayers ou serfs sans terre) se dotent de ces structures dans lesquelles leurs représentants démocratiquement élus et révocables à tout moment, portent leurs revendications et les font valoir.
Cette révolution de 1905 n’a pas réussi à renverser le système autocratique qu’est le tsarisme. Le souverain sauve son trône en acceptant de cohabiter avec un parlement (Douma) dans lequel siègent des députés élus. Mais très vite les contestations ouvrières et paysannes sont réprimées et leurs dirigeants emprisonnés.
Depuis 1914 la Russie était engagée dans la guerre au côté de la France et du Royaume Uni, contre l’Allemagne. Ce fut une boucherie. Les soldats se battaient pour des intérêts qui n’étaient pas les leurs et au front le mécontentement des troupes était au comble.
Le 23 février 1917, à l’occasion de la journée internationale de la femme, les ouvrières de l’industrie textile de Vyborg entrent en grève et viennent défiler dans les rues de Petrograd.
Dans les jours qui suivent, des centaines de milliers d’ouvriers entrent à leur tour dans le mouvement. La manifestation se dirige vers le palais de Tauride, où siège la Douma et elle forme le soviet de Petrograd, dans l’une des ailes du palais. Ce soviet invite les soldats à élire leurs propres comités et met la hiérarchie militaire sous le contrôle des soviets. Les mots d’ordre des manifestants se radicalisent. Ils ne réclament plus seulement du pain comme la veille, mais aussi : « A bas l’aristocratie », « A bas la guerre ». Le tsar demande aux cosaques (troupes d’élite) de tirer sur les manifestants, mais pour la première fois ceux-ci hésitent.
Les ouvriers auxquels s’étaient joints des soldats mutins tentent et réussissent ça et là à rallier les régiments de Petrograd. Cela fut possible parce que les soldats de la garnison de la capitale qui formaient des bataillons de réserve destinés à compléter les régiments du front, ne voulaient pas la guerre et désiraient rentrer chez eux.
Le 02 mars le Tsar abdique mais au profit de qui ? Du gouvernement provisoire, celui-là même qui s’engage à respecter les accords contractés avec les Alliés (Royaume-Uni, France etc.) et à poursuivre la guerre mondiale à leur côté ? Les exploiteurs capitalistes et les aristocrates de tout poil font tout pour se ranger derrière l’autorité de la Douma et donc du gouvernement provisoire.
Mais dans le même temps le Soviet de Petrograd, qui était composé de représentants d’organisations socialistes tels que les Bolchevik, les Menchevik et les Sociatistes-révolutionnaires, continuait de se réunir et de prendre des mesures révolutionnaires : envoi de gardes à la Banque d’Empire et à la Monnaie, création d’une commission de ravitaillement. Les ordres de la Douma, ne devaient être exécutés « que s’ils ne contredisaient pas les décisions du Soviet ».
En fait deux organes de pouvoir s’étaient constitués : celui des ouvriers et des soldats, le Soviet, et celui de la bourgeoisie, le gouvernement provisoire.
Les classes pauvres ne voulaient pas se contenter de la chute de l’empereur. Elles voulaient la paix, le pain et la liberté. Les paysans voulaient aussi la terre.
Contrairement à bien des révolutions du passé à l’issue desquelles les travailleurs laissent l’exercice du pouvoir entre les mains des politiciens bourgeois, les prolétaires russes l’ont exercé eux-mêmes, avec leurs propres organes de classe que sont les Soviets. Une période nouvelle s’ouvrait, pleine d’espoir pour les ouvriers de la Russie et du monde entier.