Il y a de l’argent dans les caisses du patronat
Les ex-combattants de Soro Guillaume passent à la caisse les uns après les autres, en forçant à chaque fois la main du gouvernement.
C’était d’abord une dizaine de milliers d’entre eux, ceux insérés au sein des Frci qui s’étaient mutinés, le fusil au poing, il y a de cela quelques mois. Ils avaient eu gain de cause à grand éclat médiatique. Ouattara en tête, avait glorifié ces « valeureux soldats » sans lesquels il est vrai, il n’aurait pas pu se hisser au pouvoir.
La publicité faisant effet, ce fut ensuite le tour de ceux d’entre eux qui avaient intégré la douane et la gendarmerie d’entrer dans la danse. Pour les uns, sans même la manière, puisqu’ils avaient même séquestré le ministre de la Défense.
Dans la foulée, les Frci rattachés au camp commando d’Akouédo, ont envahi les rues, bloquant la circulation sur la route de Bingerville. Cette fois-ci, le gouvernement avait fait semblant de taper sur la table, en arrêtant tout au moins un bouc-émissaire, en la personne d’un commandant Frci. Il avait été accusé d’avoir fomenté cette nouvelle mutinerie. Ce fut non sans mal, puisqu’une lutte armée s’était engagée durant toute une matinée aux alentours de sa résidence, contre sa petite bande, avant qu’il ne soit mis sous les verrous. Il s’agissait d’un dénommé « tracteur », un ancien com’zone, qui avait été bombardé au grade de « commandant », comme quelques-autres de son genre.
Mais un mois après, ce « tracteur » a été relâché et réintégré à son poste avec les excuses du gouvernement. C’était sous le prétexte qu’« aucune preuve » de son implication n’avait été finalement trouvée.
Mais voilà que ce sont maintenant 30.000 ex-combattants, de la catégorie de ceux qui n’ont été insérés nulle part et qui détiennent encore leurs armes, qui menacent de perturber les futures élections présidentielles.
Le gouvernement craint la grogne des ex-combattants. Des mutineries similaires avaient dans le passé fait tomber le pouvoir de Bédié. Alors, face à la menace, il a fait le choix de céder quelques milliards et éviter que la grogne ne s’étende à d’autres corps armés.
Ouattara affiche avec satisfaction que l’économie du pays va bien, que le taux de croissance frôle les deux chiffres, que les réalisations sous forme de barrage hydro-électriques, de routes, de ponts, vont bon train. Les chiffres d’affaires des entreprises sont élevés puisque l’État est en train de créer de nouvelles zones industrielles pour permettre à celles-ci d’accroître leur capacité de production et à des nouveaux capitalistes de bâtir des usines.
Les caisses de l’État et celles du patronat sont pleines. Il y a de l’argent pour améliorer les conditions d’existences des classes pauvres, mais ils ne le feront que si à l’exemple des ex-combattants, les travailleurs, eux qui sont à la base de toutes les richesses de la société, font valoir leurs exigences pour de meilleures conditions de vie.