Il y a 80 ans, la grève générale de juin 36

10 juillet 2016

France

Le mouvement de grève qui a eu lieu en mai et juin 1936 a été très important dans l’histoire de la classe ouvrière en France. C’était, au début, une riposte contre la montée du fascisme. Par la suite, ce fut la lutte contre le chômage et les bas salaires.

Dans les années trente, la crise économique frappait de plein fouet l’Europe. En France sur environ 12 millions de salariés, plus d’un million était au chômage. En Allemagne, Hitler venait d’arriver au pouvoir. En France aussi l’extrême-droite gagnait du terrain au point que l’Action française et les Croix de feu par leurs manifestations, provoquèrent la chute du gouvernement. C’est la crainte de l’extrême-droite qui mobilisa la classe ouvrière française et la fit réagir par la grève et la manifestation du 12 février 1934. La réaction des travailleurs poussa les socialistes, les communistes et le Parti radical à créer en 1935, un front commun appelé Front populaire.

En février 1936 il y eut des manifestations, des grèves et des rassemblements suivis par des élections législatives. En avril-mai le Front populaire remporta la victoire électorale, avec une nette augmentation des voix communistes. Cela encouragea les travailleurs à continuer les grèves. Le 1er mai fut l’occasion d’une grande manifestation, et le 24 mai, la manifestation traditionnelle au Mur des fédérés rassembla 600 000 personnes.

Au mois de mai, les grandes entreprises de France furent occupées par les travailleurs, comme l’usine Renault Billancourt le 26 mai. D’autres usines comme Chausson, Talbot et Peugeot furent en grève avec occupations. Les partis de gauche, dont le PC, et les syndicats étaient débordés. Un accord local chez Renault permit à la CGT d’appeler à la reprise.

Malgré l’appel de la CGT à la reprise du travail, la grève s’étendit au-delà des grandes entreprises touchant tous les secteurs de l’économie comme celui des grands magasins parisiens. Pendant tout le mois de juin, d’autres catégories de travailleurs rejoignirent le mouvement. Ce fut le cas des garçons de café et de restaurant. Dans les hôtels les femmes de ménage et les concierges se mirent aussi en grève.

Le mouvement était profond et Trotski, alors en exil, considérait que « la situation était révolutionnaire en France ». La bourgeoisie comprit que les travailleurs n’étaient pas du tout prêts à reprendre le travail. Elle fut obligée de faire d’importantes concessions. Le Premier ministre socialiste, Léon Blum, se mit à l’œuvre et se pressa d’organiser les accords de Matignon avec les représentants du patronat et des syndicats. Il y eut une augmentation générale des salaires, les reconnaissances du droit syndical, des délégués ouvriers élus dans les usines, des conventions collectives suivant les secteurs d’activités. La semaine de 40 heures fut établie ainsi que les congés payés. Ces acquis furent les conquêtes importantes de ce mouvement de grève.

Mais cela ne suffit pas à arrêter la grève. Le PC et la CGT se mirent à l’œuvre pour peser de tout leur poids et faire reprendre le travail. Ils étaient très implantés chez les travailleurs. C’est à cette occasion que le dirigeant du PC, Maurice Thorez, déclara : « Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue ». Les militants du PC incitaient les ouvriers à reprendre le travail. Autant les travailleurs étaient prêts à continuer la lutte, autant les dirigeants communistes les décourageaient. C’est ainsi que se termina cet élan révolutionnaire, uniquement par la trahison de ses dirigeants.

Quand les travailleurs se mettent en lutte de manière déterminée, ils peuvent faire aboutir leurs revendications. Pour aller plus loin, renverser le système capitaliste, il leur faut un parti révolutionnaire prêt à les accompagner jusqu’à la victoire. C’est un tel parti qui a fait cruellement défaut aux travailleurs de France en mai et juin 1936.