Identification des abonnés mobiles : y a problème !
Depuis le 12 septembre 2017, une opération d’identification des abonnés de la téléphonie mobile est en cour en Côte d’Ivoire. Tout détenteur d’un numéro de téléphone est sommé de se faire enrôler avant le 31 mars auprès de sa compagnie de téléphone mobile, munie d’une pièce biométrique (CNI, passeport, permis de conduire). Faute de quoi son numéro lui sera retiré.
Le nombre d’abonnés dans le pays était de 32 millions au début du dernier trimestre de l’année 2017 pour 24 millions d’habitants. Le taux d’enrôlement selon les compagnies est entre 7 et 40 % alors qu’il ne reste que deux mois.
Le problème c’est que peu de personnes possèdent des pièces biométriques. Les frais pour obtenir une carte nationale d’identité n’est pas à la portée de tous : un timbre de 5.000 Francs, un certificat de nationalité et un extrait de naissance. De plus, sa délivrance prend du temps. Quant au passeport, aucun citoyen ordinaire ne penserait à se le procurer sans avoir une contrainte de voyage. Aussi, les abonnés qui se présentent avec des attestations d’identité ou des extraits de naissance sont refoulés.
En juin 2017 l’ONI (l’office national de l’Identification) avait tenu une conférence sur l’état civil en Côte d’Ivoire. Il en ressortait que 4 millions de personnes sur les 24 millions que compte le pays, soit un sixième de la population, n’ont aucun papier.
Avec de telles données, l’État sait pertinemment qu’il n’est pas possible d’identifier selon les critères actuels tous les abonnés de la téléphonie mobile. Aussi sa décision de vouloir supprimer les numéros non identifiés à la fin du mois de mars reste comme une menace. D’ailleurs, Orange, le plus gros des opérateurs mobiles, ne se donne pas assez de moyens pour enrôler ses abonnés.