Hollande à bamako : la « françafrique » n’est pas morte !

20 janvier 2017

France

Le dernier sommet franco-africain qui s’est tenu à Bamako le 14 janvier a été en quelque sorte la tournée d’adieu de François Hollande à ses compères africains. Plus d’une trentaine de chefs d’état et de gouvernement africains y ont répondu présents, dont le dictateur tchadien Idriss Deby, le Congolais Denis Sassou-Nguesso et le Gabonais Ali Bongo. Le Gambien sanguinaire et mégalomane Yahya Jammeh faisait aussi partie de la liste des invités mais son fauteuil est resté inoccupé puisqu’il a été « désinvité » au dernier moment suite à son refus de quitter le pouvoir après sa défaite à l’élection présidentielle. C’est dire que le chef de file de l’impérialisme français a été bien entouré par sa clientèle habituelle, par des gens représentatifs de l’image des relations que l’état français entretient avec le continent africain.

Contrairement à ce qu’avait déclaré François Hollande lors de son accession au poste présidentiel, il n’a pas mis fin à la  « Françafrique ». Durant son quinquennat il a démontré qu’il y a une continuité de la politique de l’impérialisme français vis-à-vis de ses anciennes colonies d’Afrique ainsi qu’avec le reste du continent. La présence des troupes militaires françaises sur le sol africain est en même temps le symbole et la garantie de cette continuité.

François Hollande a présenté l’intervention militaire française au Mali, en Centrafrique et au Niger comme une intervention à but humanitaire pour venir au secours des populations victimes de la barbarie. Ce n’est que de la poudre aux yeux pour tenter de masquer que les véritables bénéficiaires de ces interventions ce sont les Bolloré, les Bouygues, Colas et consorts ; ce sont des trusts à capitaux majoritairement français comme Total ou Areva ou de grandes sociétés comme Orange, Carrefour, Danone et autres marchands d’armes.

Si l’impérialisme français soutient dans ses anciennes colonies des dictatures infâmes, des régimes qui n’hésitent pas à semer la terreur, c’est aussi pour permettre aux grands capitalistes français de piller les richesses naturelles du continent africain. Les cliques locales s’enrichissent au passage en pillant les caisses de l’état et en mettant la main sur certains secteurs lucratifs ; c’est le bakchich que leur laissent leurs maîtres de Paris et d’ailleurs.

La présence massive d’une délégation du patronat français lors de ce dernier sommet de Bamako illustre cette continuité de la politique de l’impérialisme français en direction de l’Afrique. Pour faire face à la concurrence des capitalistes provenant de Chine et d’ailleurs, les entreprises françaises ont besoin de la protection et de l’appui de l’État français. Et en la matière, Hollande n’a été que le continuateur de la politique de ses prédécesseurs. Celui qui le succédera ne fera que suivre le sillon car dans une France dominée par le système capitaliste, ce sont les intérêts de la grande bourgeoisie française qui priment. Les chefs d’États et les gouvernements qui se succèdent dans ce pays ne sont en fin de compte que des pantins qui ne font qu’appliquer les désidératas des banquiers et de l’ensemble du patronat de ce pays.

La nature des relations entre les pays africains et l’ancienne puissance coloniale française ne changera véritablement que lorsque la nature de l’État de celle-ci changera, c’est-à-dire, une fois que le prolétariat aura pris le pouvoir dans ce pays en renversant sa propre bourgeoisie.