Grève des agents pénitentiaires : l’État répond à leurs revendications par une répression violente
Le quotidien des travailleurs
Le 18 août dernier, les gardes pénitentiaires sont entrés en grève. Leur mouvement était général car il a touché les 33 prisons que compte le pays. Les agents réclament entre autres, le réajustement de leur indemnité de logement à 90.000 F, 110.000 F, 200.000 F selon les grades, ainsi que le paiement des arriérés de ces indemnités. Ils réclament aussi des tenues de travail car depuis 2014, ils n’en ont pas reçu. Depuis, ce sont les agents eux-mêmes qui se font confectionner les tenues. Ils souhaitent par la même occasion bénéficier des primes Covid 19 car ils sont au premier plan et parfois au contact avec les malades. Les agents ont signalé qu’une vingtaine d’entre eux ont été contaminés par le corona virus. En gros, ils veulent de meilleures conditions de vie et de travail.
Depuis des années, ces agents sont en négociation avec leur ministère de tutelle. Mais ces négociations trainent en longueur. Excédés par les promesses non tenues de leur direction, ils ont décidé de faire grève.
Dès l’entame de la grève, la Maca, la prison d’Abidjan, a été encerclée par un impressionnant dispositif de forces de l’ordre. Il y avait la BAE, le GMI, la CRS, et même la gendarmerie. De gros engins blindés ont été postés à l’entrée, des centaines de policiers armés ont pris position par endroits. Ça ressemblait à une scène de préparation de guerre.
Les gardes pénitentiaires ne se sont pas dégonflés pour autant et ont tenu bon face aux corps habillées massés en grand nombre. Il y a eu de violentes échauffourées, les grévistes ont été gazés. Des courses poursuites ont eu lieu jusque dans les quartiers environnants, semant la panique chez les habitants. Plusieurs coups de feu ont été tirés. Un jeune homme a même trouvé la mort par une balle perdue devant une succursale de la SODEFOR à proximité. Au moins une dizaine de grévistes ont été arrêtés et jetés en prison. Toute cette répression n’a pas empêché la grève de poursuivre son cours.
Les agents ont repris le travail, même si toutes leurs revendications ne sont pas satisfaites. Mais vu la mobilisation dont ils ont fait preuve, leur direction sera bien contrainte de se pencher sur les problèmes.
La répression féroce de cette grève n’est pas fortuite. Il se trouve que la Maca est située juste à proximité de la plus grande zone industrielle du pays et les travailleurs qui s’y trouvent ont aussi de nombreuses revendications à faire valoir. Il s’agit pour les tenants du pouvoir de leur montrer ce qui les attend s’ils s’avisent de faire grève comme les agents pénitentiaires.
En effet, pour défendre les intérêts des capitalistes le gouvernement ne va faire aucun cadeau aux travailleurs. Seule une forte mobilisation peut faire plier patronat et gouvernement.