Gbagbo est de retour : il est déjà au « garde-à-vous » pour reprendre du service auprès des capitalistes !
ÉDITORIAL
À peine de retour en Côte d’Ivoire après son exil de la Haye, Gbagbo a aussitôt montré sa « disponibilité » et déclaré qu’il est au « garde-à-vous » en vue de l’élection présidentielle de 2025. En somme, il informe les dirigeants de l’impérialisme français et américain qu’il est prêt à reprendre du service au cas où ils auraient besoin de lui pour diriger de nouveau le pays. Il estime avoir encore assez de crédit auprès des populations pauvres pour le monnayer auprès des capitalistes.
Tout cela est bien dérisoire et loin des préoccupations des travailleurs et des populations pauvres dont la situation ne cesse de s’aggraver avec l’augmentation du coût de la vie et le maintien des bas salaires.
Durant ces trente dernières années, les travailleurs ont déjà vu les Gbagbo, Bédié, Soro, Ouattara et consorts défiler au pouvoir. Ils peuvent en tirer au moins une certitude : le pouvoir en place peut changer demain, mais la situation des pauvres, elle, ne changera pas car tous ces hommes politiques qui veulent diriger l’État sont au service de la minorité riche, de ceux qui s’enrichissent en exploitant les travailleurs.
Ces riches détiennent les banques, les usines, les moyens de production. Ils n’ont pas besoin d’appartenir à telle nationalité ou à telle ethnie pour que leurs intérêts soient défendus au plus haut niveau de l’État. Leur nationalité, c’est celle d’appartenir au monde des riches ! C’est aussi la nationalité de Soro, Gbagbo, Bédié, Ouattara et consort.
Il y a dix ans, l’impérialisme français a éjecté le clan Gbagbo au profit du clan Ouattara. Si demain il estime que Ouattara a fait son temps et n’est plus en mesure de défendre ses intérêts en Côte-d’Ivoire et dans la sous-région, il pourra enfourcher un autre clan lors de la prochaine échéance ; cela pourrait être Gbagbo ou un autre. Du point de vue des intérêts capitalistes, c’est blanc bonnet et bonnet blanc !
Ils sont, pourrait-on dire, interchangeables. Leur principale différence n’est pas fondamentalement politique. Elle tient principalement de leur appartenance ethnique et religieuse différente et de leur capacité à mobiliser leurs partisans sur cette base. Alors, ces gens-là jouent quelques fois sur ces fibres sensibles, quitte à entraîner le pays dans la barbarie ethniste ou xénophobe, comme on a pu avoir un aperçu récemment lors de la flambée de violence à l’encontre des ressortissants nigériens vivant paisiblement dans les quartiers populaires. Les victimes étaient souvent pauvres comme leurs bourreaux, voire encore plus pauvres.
Ce genre de barbarie permet aux riches de canaliser de temps en temps la colère des pauvres contre d’autres pauvres. Pendant ce temps, l’exploitation des travailleurs continue. Quelques crédules se satisferont demain du remplacement du clan Dioulà à la tête des affaires de la bourgeoisie par un clan Baoulé ou Bété. Mais les travailleurs eux, qu’ils soient dioulas, baoulé, bété ou autres, continueront à être exploités de la même façon et à mener une vie d’esclave des capitalistes jusqu’à ce qu’ils décident de s’organiser pour y mettre fin.
Les Ouattara et autres Gbagbo ne pourront pas arrêter la colère des travailleurs contre les exploiteurs, lorsque celle-ci explosera et que les travailleurs engageront la lutte contre la bourgeoisie pour obtenir de meilleurs salaires, de meilleures conditions de vie. C’est à travers ce genre de lutte qu’ils prendront conscience de leur force et décideront un jour de prendre le contrôle des banques, des usines et des moyens de production. Ce sera alors une lutte à mort contre ce système capitaliste et pour la construction d’une société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme et de toutes formes d’injustice sociale.