Éditorial

Flambée de violence contre la communauté nigérienne : ne pas se tromper d’ennemis !

05 juin 2021

ÉDITORIAL

Suite à une infox sur les réseaux sociaux montrant des soldats tabassant des civils, des jeunes à Anyama, Abobo, Yopougon, Angré, s’en sont violemment pris à des ressortissants nigériens pour soi-disant se venger… sur des gens qui ne leur ont surtout rien fait. Officiellement, un nigérien a perdu la vie, plusieurs dizaines ont été blessés dont certains gravement, 51 commerces pillés dont 22 incendiés.

Les gens qui ont relayé cette infox, ont présenté les soldats comme étant des nigériens et les civils qui se faisaient malmenés comme étant des migrants ivoiriens. Il s’avère que cette vidéo avait été tournée deux ans auparavant au Nigéria et n’avait donc rien à voir ni avec les soldats nigériens, ni avec des civils ivoiriens.

Dans ce pays, la xénophobie et l’ethnisme relayés et entretenus régulièrement par la classe politique, notamment, lors de chaque élection présidentielle, fait des victimes depuis une trentaine d’années. Avec la misère et le chômage de masse, cette société bourgeoise engendre ce genre de barbarie, voire des guerres entre peuples, comme on peut le voir un peu partout dans le monde.

Quand des pauvres s’en prennent ainsi à d’autres pauvres, c’est la division qui se crée en leur sein. Cet affaiblissement du camp des pauvres, renforce nécessairement celui des riches. Ceux-là peuvent alors continuer à exploiter les travailleurs dans les usines, les chantiers, les plantations et autres lieux pour tirer du profit dans les pires conditions. Aujourd’hui, les exploiteurs logent les travailleurs dans des taudis, des bidonvilles, quelques fois sans eau ni électricité. Et cela, même dans une métropole moderne comme Abidjan. Les soins, la scolarité, la nourriture, tout cela la bourgeoisie le fait au moindre coût, tant que le rapport des forces le lui permet. Les riches considèrent les travailleurs et leurs familles comme de simples esclaves salariés dont le coût d’exploitation doit être réduit au strict minimum !

Les travailleurs ont toutes les raisons de crier leur colère contre cette société qui les opprime. Ce sont eux qui sont à la base de la production de toutes les richesses : sans leur travail, aucun bien matériel ne peut être produit, aucune richesse ne peut sortir de terre, pas plus qu’aucun hôpital ne peut fonctionner. Mais ce sont pourtant eux qui sont les laissés-pour-compte.

Cette injustice existe, parce que ce sont les riches qui détiennent l’économie et donc aussi la politique. Le gouvernement est à eux. Voilà pourquoi rien ne change pour les populations pauvres, même quand le gouvernement change.

La division de la société n’est pas entre ethnies, nationalités, religions ou corporations. La division de la société est fondamentalement entre riches et pauvres, bourgeois et prolétaires, aux intérêts opposés.

Alors, quand des pauvres s’en prennent à d’autres pauvres, c’est comme s’ils se tiraient eux-mêmes une balle dans le pied. C’est ensemble, unis, que les travailleurs peuvent renverser la classe sociale qui les exploite. C’est au travers des luttes contre la bourgeoisie, pour la défense de leurs intérêts quotidiens, pour de meilleurs salaires, de meilleures conditions de vie et de travail, que les travailleurs en lutte prendront conscience de leur force et trouveront le chemin de leur libération. Ils pourront alors mettre fin au système capitaliste qui mène la société vers la catastrophe.