Filtisac : le patron reprend de la main droite ce qu’il a donné de la main gauche

10 avril 2014

Filtisac est une entreprise de textile qui produit des sacs en jute et en polypropylène. L’une des sections s’occupe de la fabrication de bouteilles en plastique. Cette entreprise emploie plus de 1500 travailleurs dont la moitié sont des journaliers. Avec l’augmentation du Smig qui passe de 36000 F à 60000F, c’est seulement aux journaliers que la direction l’a accordée. Mais en contrepartie, elle a durci les conditions de travail pour récupérer en rendement l’augmentation qu’elle vient d’accorder. Voici le témoignage d’un travailleur à ce sujet.

« Depuis que les patrons nous ont accordé l’augmentation, le rythme de travail est devenu infernal et digne de l’esclavage. Le travail de dimanche est devenu obligatoire pour nous les journaliers et est pointé en heures normales alors qu’il devrait l’être en heures supplémentaires. Si jamais il t’arrive de t’absenter, tu es « un homme mort » car c’est le renvoi immédiat. Dans notre travail, il est interdit de tomber malade. Le repos médical n’existe plus désormais. Si tu es malade et que tu demandes un repos médical au patron, celui-ci, non seulement ne s’occupe pas de tes soins mais il te donne un repos définitif, ce qui équivaut à un renvoi. Résultat, nombreux sont les collègues qui viennent au travail même en étant souffrant et doivent trimer pendant les huit heures malgré le mal qui les ronge. Les cadences ont été augmentées de sorte que nous devons atteindre en deux semaines la production que la direction avait prévue pour un mois. Les va-et-vient sont très contrôlés. On a le sentiment que le patron veut tout de suite reprendre ce qu’il vient de nous donner. »

Les principales centrales syndicales sont représentées dans cette entreprise, mais aucune n’a levé le petit doigt. L’initiative d’une riposte nécessaire pour les intérêts des travailleurs ne peut venir que des travailleurs eux-mêmes. Surtout que ce que vivent les travailleurs de Filtisac, c’est la même chose que ce que vivent les travailleurs dans les autres entreprises des zones industrielles de Yopougon, de Vridi, de Koumassi etc. Ensemble, ils peuvent valablement faire front aux attaques patronales.