Face aux exploiteurs et au gouvernement à leur service, le seul langage qui vaille pour les travailleurs, c’est celui de la lutte !
Éditorial
Les lycées et les universités sont perturbés par des mouvements de grève des enseignants depuis plusieurs mois. La mobilisation est allée toujours plus grande. Au mois de mars, une grève des agents hospitaliers s’y est ajoutée. Les travailleurs en grève avaient même bloqués les CHU d’Abidjan.
Au début, le gouvernement avait usé du bâton, en réprimant les uns et les autres et en arrêtant quelques enseignants. C’est ainsi qu’il comptait calmer les choses. Mais devant la cherté de la vie, le ras-le-bol est général. Tout le monde voit que de l’argent, le gouvernement en a, les riches en ont !
Finalement, craignant peut-être que ces mouvements encore éparses ne gagnent d’autres catégories de fonctionnaires, le gouvernement a fini par annoncer le déblocage des salaires dans la Fonction publique bloqués depuis 27 ans. Avec cette carotte, le gouvernement veut arrêter la vague de mécontentement et désolidariser les autres fonctionnaires du corps enseignant qui n’a pas démobilisé malgré cette annonce. En effet, ils ont d’autres revendications catégorielles non satisfaites, notamment le paiement d’importants arriérés sur lequel le gouvernement ne s’est pas prononcé. Le bras de fer continue donc.
Le 8 avril, Kandia Camara, le ministre de l’Education nationale, a menacé le corps enseignant en déclarant que « celui qui se mettra en grève assumera » en ajoutant que les enseignants « passent leur temps à revendiquer. Ils ont mené ces grèves de façon désastreuse ».
Or, ce sont justement ces grèves « désastreuses » qui ont fait céder le gouvernement, après 27 ans de blocage des salaires ! Le gouvernement se comporte exactement comme les patrons d’entreprises qui exploitent dans le secteur du bâtiment ou dans la zone industrielle de Yopougon : il ne comprend que le langage de la force ! Et en usant de la force contre les travailleurs en grève, il montre à la bourgeoisie qu’il est dans le même camp qu’eux, contre la classe des travailleurs.
Or, la situation des travailleurs dans le secteur privé est encore plus catastrophique que dans le secteur public. Ainsi, par exemple, cette semaine, les ouvriers de l’aciérie de Sotaci, dans la zone industrielle de Yopougon, étaient en grève. Ils dénoncent leurs bas salaires de 60.000 Fr à 64.000 Fr pour un travail de 12 heures ! C’est le même mécontentement que les 500 travailleurs de la mine d’Ity, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire ont exprimé en bloquant la totalité de la mine depuis le 7 avril. Ils travaillent 24h/24h pour un salaire compris entre 60.000 et 125.000 Fr. Comme partout, ce sont les travailleurs qui extraient les richesses, ici de l’or, mais ce sont ceux qui les exploitent qui s’en mettent plein les coffres !
Dans le secteur du bâtiment aussi, les exemples ne manquent pas. En ce moment, même le ciment manque, tellement les affaires marchent pour les promoteurs immobiliers. Mais dans ce secteur les travailleurs n’ont même pas le minimum qui est la sécurité de l’emploi ! La situation est semblable dans la grande majorité des entreprises de la zone industrielle de Yopougon.
Pour que ça change, il faudrait que les petites étincelles que sont ces grèves ici et là se généralisent à l’ensemble du monde du travail et convergent de « façon désastreuse » (pour reprendre les mots de ce ministre) pour prendre les riches à la gorge. Il n’y a pas d’autre façon de se faire entendre par le gouvernement et par patronat !