Coupures d’eau : incurie de l’État et profits capitalistes
CÔTE D’IVOIRE
Cela fait maintenant plus d’un mois que les foyers les plus démunis sont confrontés à un manque criant d’eau. Selon le ministre de l’Hydraulique, ce sont les travaux de construction des routes qui seraient en cause car cela aurait endommagé les tuyaux d’alimentation. C’est possible, mais dans ce cas pourquoi ne s’adresse-t-il pas à son collègue ministre des Travaux publics pour les faire réparer ?
La réalité est que les investissements dans les infrastructures n’ont pas suivi l’extension des quartiers, ni la démographie galopante. Il y a plusieurs années, l’État a cédé la SODECI (société qui gère l’eau) pour un franc symbolique au groupe Bouygues. Cette dernière se contente de ramasser les profits, laissant les travaux d’investissement à la charge de l’État.
La SODECI, avec l’appui de l’État, fait la chasse aux petites gens qui se débrouillent en revendant de l’eau dans les quartiers démunis et non desservis. Depuis deux semaines, c’est donc la guerre à ces revendeurs. Les agents de la SODECI flanqués de gendarmes, débarquent nuitamment dans ces quartiers pour ainsi dire faire la chasse à l’homme.
Dans le quartier de PK18, un sous quartier de la commune d’Abobo, il y a de cela une semaine, la gendarmerie a dû faire face à une révolte de la population. Celle-ci refusait l’arrestation des jeunes. Elle n’a eu son salut que grâce à un renfort de la police CRS qui a gazé tout le quartier, perturbant toutes les activés et même la circulation.
On peut dire que l’installation d’eau courante est refusée aux pauvres, puisqu’il faut débourser la somme de 170.000F, soit plusieurs mois de salaires pour certains. Au final, ces mêmes habitants des quartiers défavorisés sont obligés de payer l’eau 5 fois voire 10 fois son prix aux petits trafiquants qui profitent de cette situation.