Cotiplast : s’organiser pour combattre l’exploitation
Le quotidien des travailleurs
Cotiplast est une entreprise de fabrication de produits en plastique et de sacs en polypropylène. Les conditions de travail y sont difficiles, le matériel de sécurité est presque inexistant pour les travailleurs. Les salaires sont bas.
Une travailleuse de cette entreprise nous raconte ce qui s’y passe :
«Je travaille à Cotiplast depuis un certain temps. Mon travail consiste à récupérer les sacs qui sortent de la couture. Je les ramasse et les classe en pile. Ça a l’air banal et simple mais je peux vous dire que c’est la course. À priori, il n’y a pas de production exigée mais le rythme est donné par les couturiers qui eux, sont payés à la pièce. Ils doivent faire le maximum pour espérer avoir une paie un peu consistante. Ils doivent aller récupérer les toiles à la machine. Là il n’y a aucune organisation. C’est à qui pourra récupérer le maximum de toiles à coudre. Le patron met ainsi les travailleurs en concurrence, ça a un double avantage pour lui. D’une part, ça pousse les travailleurs à ruiner leur santé pour la course à la production et d’autre part, ça nous empêche de nous mettre ensemble car on se voit tous comme des adversaires potentiels.
Dans notre groupe de ramasseuses, la paye est vraiment dérisoire. Elle est à 2000 F par jour pour huit heures de travail. Avec ce salaire journalier, il est très difficile d’atteindre 60 000F pour tout un mois de travail. Ça ne peut même pas payer un loyer. Or, avec ça, tu vas payer ton déplacement et ta nourriture à midi.
À l’usine, les machines font un bruit infernal. Après les huit heures, tu en ressors étourdi. Qu’est-ce qu’on a pour se protéger ? Rien. Certains collègues mettent leur écouteur de téléphone portable pour limiter un peu les dégâts. La chaleur aussi est là. Il n’y a pas de ventilation. Moi je peux boire jusqu’à trois bouteilles d’Awa. Il n’y a pas de tenue de travail pour nous, elles sont réservées aux embauchés qui sont une minorité. Le patron exige qu’on vienne avec des chaussures fermées, alors que c’est à lui de nous fournir des chaussures de sécurité. Mais, il y a une chose qui nous inquiète par-dessus tout, c’est qu’après le travail, après s’être lavé, on a tous des démangeaisons. Certains collègues ont même des boutons sur le corps. C’est sans doute à cause des produits utilisés pour traiter les sacs. Cela nous fait vraiment peur parce qu’au cas où ça deviendrait grave, c’est sûr que le patron s’en lavera les mains.
Aujourd’hui, il y a beaucoup de murmures parmi nous, parfois de la grogne. La colère est là mais pour le moment, elle est dans le cœur de chacun. De plus en plus de collègues sont conscients que si on veut faire reculer ce patron, il faut vraiment qu’on se mette ensemble. Pour le moment on n’a pas encore pu franchir le pas. Moi en tout cas, je l’espère de tous mes vœux car on en a marre de cette situation ».