Éditorial

Ce n’est pas la pluie qui est responsable des drames, mais l’incurie du pouvoir public et la rapacité des capitalistes !

27 juin 2014

La saison des pluies a déjà fait officiellement 26 morts depuis le 5 juin, parmi les pauvres. En quelques jours, on compte 16 victimes rien que dans les bidonvilles d’Attécoubé, « Santé 3 » et « Boribana ». Un enfant a aussi laissé sa vie ces derniers jours à Abobo. Comme dédommagement aux familles des victimes, le gouvernement a alloué une somme de 1 million de francs à chacune des familles. Ainsi, pour les riches, la vie d’un pauvre se réduit au prix d’une moto !

Ce drame n’est pas une fatalité. Et ceux qui en portent la responsabilité ce ne sont pas les pauvres de ces bidonvilles qui sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent pour se « loger » (parfois au risque de leur vie) mais les autorités de ce pays qui ne font rien pour que tout le monde puisse avoir un logement décent. Dans une société où existerait une justice pour les pauvres, les hautes autorités responsables de la gestion de la commune, de la construction et de l’assainissement devraient immédiatement répondre de leurs crimes !

Mais les employeurs portent aussi une grande part de responsabilité sur ces drames car si des travailleurs sont contraints de loger leur familles dans ces bidonvilles dangereux c’est parce que les bas salaires qu’ils touchent ne leur permettent pas de se loger dans de bonnes conditions.

Pour les riches et pour le gouvernement qui est à leur service, la vie des travailleurs et des populations pauvres ne compte pas beaucoup. De plus, ils ont le culot d’accuser les victimes de vivre dans des bidonvilles ! Ainsi, le maire de la commune d’Attécoubé a profité du dernier drame pour procéder à la destruction de plusieurs centaines d’habitats, jetant ainsi des centaines de personnes à la rue. Ses compères, maires du district d’Abidjan sont ensuite venus parader dans ces zones évacuées comme s’il s’agissait de la visite d’un cirque. Pour faire bonne figure, ils ont distribué un peu de riz et du sucre. Mais ces populations pauvres des bidonvilles ne réclament pas la charité !

Comme cette destruction des habitations d’Attécoubé n’a pas trouvé une résistance adéquate des habitants, le gouvernement en a profité pour annoncer au sortir du dernier « conseil des ministres » le « lancement d’une vaste opération de démolition de tous les sites des quartiers précaires à risque ». Si les bidonvilles sont détruits comme l’a annoncé le gouvernement, alors des milliers de sans logis, en grande majorité des travailleurs,
se retrouveront à la rue. Mais pour le pouvoir public comme pour l’ensemble des classes riches la vie des classes pauvres ne pèse pas lourd jusqu’au jour où ceux-ci réagissent collectivement et leur fassent peur.

La seule chose qui fera reculer le gouvernement dans son projet de destruction des quartiers pauvres (sans donner une solution de rechange adéquate aux habitants), c’est le crainte que la colère ne gagne les rues. Il faut se rappeler que les gens du FPI avaient reculé devant la menace de l’éclatement d’une grande colère lorsqu’ils étaient au pouvoir.

Ce qui est certain, c’est que les travailleurs et l’ensemble des couches pauvres ne peuvent défendre leurs intérêts (en matière de logements comme en matières de salaires) qu’en s’organisant collectivement. Ils ne doivent compter ni sur la charité des classes aisées ni sur les promesses fumeuses des politiciens et des autorités publiques.