Carburant toxique en Afrique : le capitalisme tue !

19 octobre 2016

Une ONG suisse dénommée « Public Eye » (l’œil public), a dénoncé récemment dans un rapport intitulé « Diesel sale » la vente en Afrique de carburant à haute teneur en soufre par des sociétés suisses. Ce carburant a une teneur en soufre entre 1000 et 2000 fois plus élevée qu’en Europe, mettant gravement en péril la santé des populations exposées aux particules fines et à d’autres substances chimiques hautement cancérigènes.

Huit pays africains sont concernés par ce rapport : Angola, Bénin, Congo, Ghana, Mali, Sénégal, Zambie et la Côte d’Ivoire. Pour établir son rapport, cette ONG a effectué des prélèvements dans des stations essence de ces pays détenues ou alimentées par ces maîtres du négoce pétrolier, comme Trafigura, Vitol ou Oryx pendant trois ans. C’est ainsi qu’après analyse, elle a découvert la haute teneur en produits toxiques. Pour augmenter leurs profits, les sociétés de négoces effectuent des mélanges avec des produits toxiques particulièrement nocifs pour l’environnement et pour la santé des populations. Ils ont même un nom péjoratif pour qualifier ces produits pétroliers : « qualité africaine ». Ces produits toxiques sont écoulés en Afrique, considéré comme une poubelle.

Lorsque ce scandale a éclaté, les responsables de ces entreprises ont argué de façon cynique que ces carburants sont certes interdits dans les pays développés, mais la vente est encore légale en Afrique. C’est donc en connaissance de cause que ces marchands de mort empoisonnent les populations africaines. Ils se moquent éperdument des effets de leurs déchets sur la santé des populations et sur l’environnement, d’ autant plus qu’ils savent qu’ils ne seront pas inquiétés.

Le gouvernement ivoirien est bien au courant de l’existence des carburants sales dans le pays, mais au lieu de les interdire et de poursuivre en justice les empoisonneurs, il s’en lave plutôt les mains en affirmant que « la Côte d’ivoire n’est pas concernée » par ce carburant « qualité Afrique ».

Comment les croire alors que le rapport a épinglé Oryx ou Trafigura qui ont pignon sur rue en Côte d’Ivoire. Et, ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une entreprise comme Trafigura s’illustre dans ce genre d’affaires sordides. On se souvient du bateau « Probo Koala » (affrété par Trafigura) et des 540 000 litres de déchets hautement toxiques déversés en 2006 dans la ville d’Abidjan par cette entreprise. Cela avait occasionné officiellement 17 morts sans compter tous ceux qui avaient été intoxiqués.

Récemment c’est à Puma Énergie, une filiale de cette même multinationale, que ce gouvernement a cédé une grande partie de la Pétroci. Cette entreprise dispose de nombreuses stations à travers le pays.

Tout ceci nous montre à quel point nos autorités sont complices de ces empoisonneurs.