Campagne contre les médicaments de la rue : c’est la pauvreté qui tue !

19 octobre 2016

Une campagne contre les médicaments dans la rue lancée par le ministère de la Santé bat son plein actuellement. Dans les rues d’Abidjan, ce sont des caravanes motorisés qui sensibilisent les populations sur les dangers des médicaments de la rue et de l’automédication. Il y a aussi des affiches publicitaires sur lesquels il est écrit par exemple : « médicament de la rue, c’est la mort dans la rue » ou encore « n’achète pas tes médicaments dans la rue, va à la pharmacie». Tout est dit comme si les gens pauvres qui ont recours à l’automédication et à ces médicaments dit de la rue ont le choix, et qu’ils sont fous pour choisir délibérément de se soigner dans les rues plutôt que de se rendre à l’hôpital ou d’aller à la pharmacie. Nos autorités étalent là toute leur hypocrisie. Elles savent bien que toutes ces publicités n’auront pas une grande incidence sur le terrain tant que la misère ne va cesser de croitre au sein des classes populaires. Ces campagnes publicitaires servent tout au plus à justifier des budgets et rien d’autre.

Ces autorités sont les mieux placés pour savoir le niveau d’appauvrissement des classes populaires. Mais c’est avec leur aval que les prix des médicaments ne cessent de grimper. Aussi, il n’est un secret pour personne que les soins coûtent cher même dans les hôpitaux publics. Pour soigner un simple paludisme, un ouvrier travaillant à la zone industrielle de Yopougon, par exemple, peut y laisser carrément son salaire d’une quinzaine.

Dans la plupart des entreprises, avec la généralisation du système de journalier, rares sont les travailleurs qui bénéficient d’une couverture maladie. Les soins sont à la charge du travailleur. Dans ces conditions, lorsque l’ouvrier tombe malade, c’est à lui de prendre en charge ses soins ainsi que les jours qu’il passe à se soigner où il n’est pas payé. Qu’est ce qui se passe alors ? Il prend un « toupaille » acheté dans la rue mélangé à du tonique ou un « jaune amer » dans un koutoukoudrome et il retourne travailler.

Instaurer la gratuité des soins, obliger les patrons à prendre en charge les soins des travailleurs, obliger les entreprises pharmaceutiques à baisser les prix des médicaments, voici des actions qui seront mille fois plus efficaces que des campagnes publicitaires à tout vent. Mais pour ça, ce n’est pas sur le gouvernant qu’il faut compter.