Ça bouge dans la petite mare aux crocodiles !
ÉDITORIAL
Les crocodiles, petits et grands commencent à se positionner en vue des échéances électorales qui se profilent à l’horizon. Plus près de nous, il y a les élections régionales et municipales. Suivront en 2020, celles des présidentielles.
Ouattara, dans son actuelle position dominante, tente de phagocyter son ex-allié le Pdci au sein d’un parti « Rhdp unifié ». Les Kablan Dunkan, Patrick Achi et autre Ahoussou Kouadio, membres du Pdci et actuellement à la mangeoire par la grâce de Ouattara, tentent de jouer aux équilibristes pour préserver en même temps leur « mangement » futur au sein du Pdci.
Du coup, Konan Bédié, voyant le nouveau jeu de Ouattara, son allié et « frère » de la veille, a lui aussi entrepris avec son parti le Pdci la même démarche. Il sonde du côté de Soro Guillaume qui occupe le poste de vice-président au sein du Rdr, le parti de Ouattara, mais qui joue en même temps sa propre carte pour ne pas se faire avaler par les crocodiles de l’entourage de Ouattara, dont Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko.
En même temps, le Pdci tente une approche avec le Fpi d’Affi N’Guessan. Le Fpi étant actuellement divisé entre le clan Affi N’Guessan et celui d’Abou Dramane Sangaré, plus proche de Laurent Gbagbo.
Ouattara, voyant certainement d’un mauvais œil tout ce ballet, vient de jouer une nouvelle carte en amnistiant Simone Gbagbo et quelques centaines de ses partisans dont une partie est réfugiée dans les pays voisins. Simone Gbagbo prône pour l’instant le « pardon » et « l’unité nationale » vis-à-vis de Ouattara tout en ne dédaignant pas les avances du Pdci.
D’autres comme Jean Louis Billon, Thierry Tanoh et consorts vont également se positionner au gré de leurs propres intérêts personnels du moment.
L’avenir nous dira dans quel sens se noueront les futures alliances. Nous avons déjà vu dans le passé celle du Fpi et du Rdr contre le Pdci, ensuite celle du Pdci et du Rdr contre le Fpi. Demain, absolument rien n’empêche une alliance Fpi-Pdci, éventuellement composée ou pas avec d’autres forces politiques plus petites … contre, cette fois-ci, le Rdr.
Quant à l’impérialisme français, pour qui la Côte d’Ivoire fait figure d’arrière-cour dans son pré carré africain, son choix sera comme d’habitude déterminant. Depuis l’indépendance c’est lui qui dicte à l’État ivoirien la conduite à tenir. Lorsqu’un de ses valets locaux ne fait plus l’affaire, il n’hésite pas à l’éjecter, y compris militairement. Gbagbo en a fait l’expérience (comme bien d’autres dirigeants d’anciennes colonies françaises d’Afrique) lorsque l’impérialisme français a décidé de mettre Ouattara à sa place.
Alors, les politiciens peuvent toujours s’agiter dans le marigot pour prendre possession de la mangeoire que veut bien leur laisser l’impérialisme français pour servir ses intérêts généraux en Côte d’Ivoire. Les travailleurs doivent savoir que quelles que soient les nouvelles têtes qui dirigeront l’État ivoirien à l’issue de ces jeux d’alliance, ils n’auront rien de bon à en attendre. Ils ne pourront compter que sur leur propre force collective et leurs grèves pour défendre leurs intérêts en tant que classe sociale exploitée.