« Aya » m’a tué, oh !
Le quotidien des travailleurs
SARCI est une entreprise alimentaire située dans la zone industrielle de Yopougon. Elle est spécialisée dans la production d’huile et de savon. Elle est surtout connue pour son huile de table « Aya ». Le patron a profité de la crise sanitaire pour accroitre l’exploitation.
Voici, le témoignage d’un travailleur de cette entreprise.
« Avec l’instauration du couvre-feu notre agenda de travail a été réorganisé. Ainsi, nous travaillons désormais en deux équipes : de 8h à 18h pour l’équipe de jour et 18 à 8h pour l’équipe de nuit. Ce qui revient à travailler pendant 10h la journée et 14h la nuit. Auparavant, il y avait 3 équipes. La nuit, nous n’avons aucune pause, sauf pour manger. Même là, Il suffit de tarder un peu pour que le chef d’équipe menace de donner une mise à pied. Nous travaillons tous les jours, y compris les jours fériés. Le boulot est tellement épuisant la nuit que certains ont dû abandonner leur poste.
Tout ceci n’est pas suffisant pour le patron qui a, pour maximiser son profit, mis les différents groupes en compétition. Il promet une prime exceptionnelle au chef d’équipe dont le groupe aura produit le plus. Les chefs d’équipe, pour toucher la prime, mettent la pression et nous font bosser à une cadence de plus en plus élevée.
Maintenant qu’il n’y a plus de couvre-feu, c’est encore à nous les travailleurs de payer parce qu’on a trop produit. Le patron a donné une semaine de congé technique à nos collègues journaliers sous prétexte que son magasin de stockage est rempli jusqu’au plafond. Le moins qu’on puisse dire c’est que le patron défend ses intérêts. Et si nous n’en faisons pas autant collectivement, rien ne l’arrêtera ».