Éditorial

Après les massacres de 2000, 2005 et 2010, ne nous laissons pas tromper pour 2020 !

06 novembre 2017

ÉDITORIAL

 

À l’approche des élections présidentielles de 2020, le petit monde des dirigeants politiques commence déjà à s’exciter, à se bousculer et à aiguiser ses lames pour se mettre en meilleure position par rapport à un éventuel rival. C’est ainsi que la petite guéguerre qui oppose Soro Guillaume à Ouattara s’est déjà traduite par la mise à l’écart des proches de Soro qui occupaient des places au sein du gouvernement puis récemment par l’arrestation de l’un des hommes de confiance de Soro après la découverte d’un arsenal de guerre dans sa villa à Bouaké.

Pour l’instant, ni Ouattara, ni Soro n’ont dit qu’ils sont candidats, pas plus que Bédié et les autres prétendants potentiels que sont les Gon Coulibaly, Hamed Bakayoko, Affi N’Guessan, Kablan Duncan, pour ne citer que ceux-là. Comme dans le passé, des alliances peuvent se nouer et se dénouer entre eux puisque rien de fondamental ne les distingue. Ils ont en commun d’être au service des intérêts des riches, à commencer par ceux des capitalistes américains et français dont ils ne demandent qu’à être les valets. La principale chose qui les sépare c’est leur ambition personnelle d’être au sommet de l’État, c’est-à-dire au sommet de la mangeoire.

Pour y parvenir, ces gens-là sont prêts à tout, y compris à s’appuyer sur les sentiments d’appartenance ethnique quitte à attiser les conflits à caractères ethniques là où ils existent, ou à en provoquer là où les populations vivent et cohabitent en toute tranquillité.

C’est ce qu’ils ont fait dès la fin du règne de Houphouët en 1993, puis en 2000, 2005 et 2010 à chaque période électorale. Ils ont semé la haine ethnique et xénophobe dont « l’ivoirité » est un exemple. Les conséquences dramatiques, ce sont toujours les populations pauvres qui les paient.

L’ethnisme et la xénophobie, c’est pour duper les pauvres ! Ouattara est au pouvoir depuis 2011 mais ce n’est pas pour autant que les ouvriers et les manœuvres de l’ethnie Dioula se tuent moins que leurs frères d’autres ethnies sous le soleil d’Abidjan à construire des bâtiments dans la précarité la plus totale. On peut en dire autant des travailleurs Baoulé du temps du pouvoir de Bédié ou des travailleurs Bété sous Gbagbo.

Quelle que soit l’ethnie du clan au pouvoir, la vie des travailleurs n’a jamais changé, cela a été toujours une vie d’exploitation et de misère. Seules, les luttes qu’ils engagent avec leurs camarades de chantier les protègent des escroqueries des entreprises qui les emploient.

Sans une organisation conséquente, sans une union de tous les travailleurs, sans une lutte collective, les travailleurs sont des proies entre les mains des capitalistes qui les exploitent. Seule leur capacité de lutte et le rapport des forces qu’ils peuvent imposer peuvent mettre un frein à l’exploitation qu’ils subissent !

Voilà pourquoi, tous ces hommes politiques qui cherchent à diviser les populations entre ethnie, nationalité et autres, et qui sèment le poison de la xénophobie et de l’ethnisme sont leurs pires ennemis !