Adjahui : les travailleurs disent non à l’augmentation du coût de la traversée en pinasse !
Adjahui est un village Ébrié de la commune de Port-Bouët mais très proche de la commune de Koumassi. Il s’agit d’un quartier très précaire, la majorité des habitants sont des ouvriers et de petits vendeurs. L’accès à l’eau potable et à l’électricité y est difficile. Pour se rendre dans ce quartier, le chemin le plus court est par la voie lagunaire. Elle est exploitée par différents propriétaires de gares : Azia, Bia-sud, Chap-chap, Étage rouge, Marie-claire, Débordo, etc.
Le lundi 20 mars, les propriétaires de pinasses ont augmenté le coût de la traversée, passant de 100 Fr à 200 Fr. Ils ont justifié cette augmentation par la hausse du prix du carburant et par les « reformes » exigées par la marine nationale en équipements et aménagements des pinasses. Dans tous les cas, cela n’a pas convaincu la population d’Adjahui qui s’est soulevée comme un seul homme, pour dire non à cette augmentation.
La situation a dégénéré à la gare lagunaire « Étage rouge » lorsqu’une vendeuse de ticket a rétorqué à une passagère que si elle n’avait pas les 200 Fr pour s’acheter le titre du transport qu’elle aille dormir à la maison. La passagère lui a répondu par une gifle. Ainsi commença la bagarre entre les passagers et les gestionnaires de cette gare de pinasse. Ces derniers avaient déjà pris soin de mettre en place une équipe de sécurité pour faire appliquer la nouvelle règle tarifaire. Cette passagère fut bastonnée par les agents de la sécurité, ce qui a élevé le niveau de la révolte. Du coup, toutes les gares ont été attaquées par un groupe de femmes déterminées ainsi que des jeunes. La chefferie du village a été assiégée durant deux jours par les femmes opposées à cette augmentation.
Toutes les gares ont été fermées. Les propriétaires de pinasses ont évacué leurs embarcations au milieu de l’eau de peur qu’elles soient brûlées. Ils ont appelé la police à la rescousse. Ce fut alors un affrontement entre les habitants et la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes. Cela a duré deux jours.
Ainsi, le lundi 20 et le mardi 21 mars, des élèves n’ont pas pu se rendre à l’école, de même que certains travailleurs et petits vendeurs qui devaient aller chercher leurs marchandises. La voie terrestre passant par l’aéroport est un parcours de combattant. Certains ont marché près de 10 km ; d’autres ont été aidés par des camions bennes.
Cette situation a causé la mort de deux collégiens qui ont voulu traverser à la nage pour rentrer chez eux.
Finalement, les propriétaires des pinasses ont reculé devant la mobilisation, comme en 2016 lorsqu’ils ont voulu faire une augmentation de 50 % sur les tarifs de transport. Cela montre que la mobilisation est payante !