La bourgeoisie se fiche bien de la déforestation

24 mars 2015

LEUR SOCIÉTÉ

Le vendredi 27 février 2015, les autorités ivoiriennes ont tenu un forum sur les États généraux de la forêt, de la faune et des ressources en eau. Il en ressort que la situation de la forêt en Côte d’Ivoire est alarmante. De 16 millions d’hectares à la veille de l’indépendance, le couvert forestier du pays est aujourd’hui à moins de 2 millions d’hectares.

Pour le 1er ministre, Daniel Kablan Duncan, qui chapeautait cette cérémonie, c’est ‘‘l’exploitation forestière inorganisée, les feux de brousse, l’agriculture inorganisée et l’urbanisation accélérée’’ qui en seraient les causes.

Ce que ce monsieur ne dit pas, c’est que depuis la colonisation jusqu’à aujourd’hui, le bois de grume est un produit d’exportation de la Côte d’Ivoire. Jusqu’à un passé récent le produit de l’abatage était transporté directement au port, d’où il était chargé dans des bateaux vers des pays d’Europe. C’est par ce pillage que des millions d’hectares de forêt ont été fauchés.

Avec la décennie d’instabilité qu’a connue le pays, les seigneurs de guerre du nord pour ne pas être en reste, se sont mis à l’exploitation du bois de vène. Pourtant pour bloquer l’avancement du désert, il est théoriquement interdit d’abattre des arbres dans les savanes arborées au-delà du 8ème parallèle.

Malgré ce pillage de la forêt, il n’y a jamais eu de programme de reboisement et encore moins des décisions pour stopper cette exploitation. Bien au contraire, il y a eu des décrets successifs de déclassement de forêts pour permettre aux exploitants forestiers de continuer leurs activités. Ce fut le cas dans la zone d’Abidjan pour la forêt de l’Azagnie. Pour la forêt du Triangle du Banco, l’abatage des arbres n’a pas attendu de déclassement. Alors quand ces messieurs à la tête du pays font semblant de s’alarmer de l’état de la forêt, c’est plus pour se plaindre de la partie de l’exploitation qui échappe à leur contrôle.

La disparition de la forêt, ce n’est ni le souci du gouvernement ni celui de la bourgeoise qui en tire profit.