Éditorial

Une société où les travailleurs ne comptent que comme de la chair à exploiter !

05 décembre 2020

La parodie électorale terminée, Ouattara a déclaré qu’il continuera d’être le Président de tous les ivoiriens. Sauf que plus d’un mois après son élection, le pays vit toujours sous tension. Des dizaines de jeunes ont été arrêtés par les forces armées notamment dans les villages baoulés. Il y a quelques jours, des véhicules, dont un bus de la Sotra, ont encore été brûlés à Yopougon. À l’Ouest, plus qu’ailleurs, les conflits fonciers attisent les conflits ethniques et xénophobes. Des dignitaires ont été mobilisés partout pour appeler « à l’apaisement ». Les religieux sont conviés à organiser des prières pour le « retour de la paix ».

Pour autant, il n’y a pour l’instant aucune entrave au fonctionnement de l’économie. Les riches continuent donc de prospérer. Ouattara a ouvert les négociations avec ses opposants. Pour calmer leur appétit, il leur offrira peut-être quelques postes juteux au détriment de son propre clan. Parmi ces gens à caser, il y a le cercle autour de Bédié à qui il pourra confier par exemple la gestion de quelques gros budgets. Bédié, lui-même, pourra peut-être prétendre à être rétribué de quelques centaines de millions de francs tous les ans pour calmer ses ardeurs. Affi N’Guessan, Mabri Touakeuse et quelques autres pourront peut-être négocier quelques strapontins à leur mesure. De même qu’une solution politique devra être trouvée pour Gbagbo qui encoure en principe la prison dès son retour en Côte d’Ivoire. Quant à Soro Guillaume, si Ouattara ne lui offre pas une solution qui le satisfasse, il lui trouvera bien une place en prison, le temps pour celui-ci de revoir ses prétentions à la baisse. Quant à la centaine de morts et de blessés qu’il y a eu durant cette période électorale, ils auront servi de marchepieds à tous ces hommes de la bourgeoisie pour accéder ou se maintenir à la mangeoire, comme c’est à chaque fois le cas à l’occasion de ce genre d’élection.

Maintenant, si la situation sociale venait à se dégrader parce que ces différents protagonistes n’auraient pas réussi à accorder leurs violons, au point de perturber gravement le fonctionnement de l’économie, alors les puissances impérialistes ont trop d’intérêts dans ce pays pour se laisser conter. Et à coup sûr, elles feront alors avec ou sans Ouattara ! La Côte d’Ivoire reste pour elles une source de richesse et Ouattara un simple serviteur de leurs intérêts !

L’impérialisme français est déjà intervenu militairement en 2010 à la suite d’élections similaires. Il avait alors opté pour Ouattara. Mais si celui-ci devient à son tour un élément perturbateur pour ses affaires, il lui trouvera un autre cheval de remplacement !

Pour ce qui est de la situation des travailleurs, « paix » ou pas, avec Ouattara, Gbagbo, Bédié ou un autre au pouvoir, ils auront le droit de continuer à se faire exploiter dans les usines, dans les chantiers, au port d’Abidjan, dans les hôpitaux ou dans les hypermarchés. Mais faudrait-il encore trouver du travail, même mal payé ! Dans tous les cas, comme l’ensemble de la population pauvre, ils continueront, comme aujourd’hui, à subir la dictature de la classe capitaliste. Ils continueront à vivre dans l’insécurité à cause des bandits, « microbes » ou autres, dans leurs quartiers insalubres.

Dans cette société, la « paix » et la « prospérité », ce sont des privilèges réservés aux seuls riches. Et pendant que les riches se gavent, la situation des pauvres s’aggrave d’année en année, quel que soit le pouvoir en place. C’est ainsi que fonctionne ce système capitaliste qui réduit la grande majorité à la misère et permet à une toute petite minorité de vivre dans l’opulence.

Pour changer fondamentalement leur sort, les travailleurs auront à engager une lutte contre l’ensemble de ce système inique. Ce n’est qu’en mettant fin au capitalisme qu’on pourra bâtir une nouvelle société qui permettra à chacun de vivre dignement sans exploiter et opprimer autrui.