Les coups d’État se succèdent et se ressemblent

26 septembre 2020

Le 18 Août dernier, le régime du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK) affaibli par une contestation de rue depuis plusieurs mois, a fini par être balayé par un putsch. Sa chute a été accueillie par des cris de joie dans les rue de Bamako et d’autres grandes villes du Mali. Les putschistes, à la tête des quels se trouve le lieutenant-colonel Assimi Goïta, ont dit qu’ils sont venus pour « parachever » l’œuvre de la contestation populaire et ont promis de remettre le pouvoir à des civils à la fin d’une période de « transition » d’une durée « raisonnable ».

Le M5-RFP (Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques) qui regroupe les principales organisations de l’opposition au président IBK, a apporté son soutien à la junte. Un des proches de l’imam Dicko, principale figure de proue de ce mouvement et connu pour ses positions très réactionnaires, a déclaré que lui et ses amis sont « disponibles pour accompagner ce processus ».

La perspective d’obtenir un petit strapontin ministériel ou n’importe quel poste permettant de puiser dans les caisses de l’État, attire un certains nombres d’opportunistes, à commencer par d’anciens ministres d’IBK, comme des mouches autour d’un dépôt d’ordures en putréfaction. Mais les putschistes ont pour le moment d’autres chats à fouetter que de distribuer des postes car ils doivent faire face à la pression des dirigeants de l’Union Africaine et de la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qui, appuyés par ceux des puissances impérialistes (dont la France), leur demandent de faire quelques gestes symboliques en leur direction, histoire de faire croire qu’ils servent à quelque chose.

Les putschistes ont fait un geste d’apaisement en libérant le président IBK puis en nommant un militaire à la retraite, par ailleurs ex-ministre d’IBK, à la tête du nouveau pouvoir. Ils ont aussi promis de raccourcir la durée de la transition à 18 mois. Les tractations sont en cours mais les dirigeants de la CEDEAO ont déjà assoupli leurs positions en n’exigeant plus la réinstallation d’IBK au pouvoir mais en demandant simplement qu’on mette un civil à la tête de ce régime de transition. Les sanctions tel que le blocage des frontières préconisé par les dirigeants de la CEDEAO, ont été assouplies en attendant la fin des tractations.

À la fin, chacun pourra dire qu’il a obtenu quelque chose de l’autre mais au fond, tous ces gens-là, en tenue kaki-militaire ou en « boubou-cravate », sont fondamentalement les mêmes. Ils ont en commun d’être pour la perpétuation du même système capitaliste qui est responsable de la misère et de la dictature au Mali et ailleurs.

Dans ce pays, c’est le quatrième coup d’État militaire depuis l’indépendance dont on vient par ailleurs de fêter le 60ème anniversaire. À chaque changement de pouvoir, la population a eu droit au même genre de discours démagogiques, aux mêmes promesses de mettre fin à la gabegie, à la corruption et au clientélisme. Ceux qui y ont cru ont fini par déchanter car rien n’à changé dans ce pays. Les richesses ont continué d’être pillées par les puissances impérialistes, à commencer par l’ex-puissance coloniale. Militaires et civils se sont succédé au pouvoir et se sont rempli les poches en vidant les caisses de l’État et en imposant la dictature à l’ensemble de la population. La corruption a continué comme avant.

Ceux qui viennent de prendre le pouvoir parlent de construire « le Mali nouveau » mais pour les travailleurs et les paysans pauvres ce sera la continuation de la même exploitation et de la même misère. Ce système continuera tant que les exploités n’y mettront pas fin en le renversant par leurs luttes et en réorganisant la société sur une autre base que celle de l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est-à-dire sur la base du communisme.