Côte d’Ivoire – Odienné : travailleurs en lutte contre la rapacité patronale
30. CHEC est une entreprise dans le secteur du BTP pour la construction des routes. En ce moment, elle a le contrat de la construction de l’échangeur d’Akwaba, dans la ville d’Abidjan et aussi des routes dans la région d’Odienné. Comme dans la grande majorité des entreprises du bâtiment, les travailleurs de CHEC ne sont pas déclarés à la Cnps, ne bénéficient ni de congés payés, ni de jours de repos. C’est aussi ce qui se passe, de plus en plus, dans les usines à Abidjan. Parfois, malgré les menaces du patron, malgré la crainte de se faire renvoyer en cas de contestation, les ouvriers décident de relever la tête pour revendiquer leurs droits. C’est ce que les ouvriers de cette entreprise ont fait.
Comme les travaux tirent vers la fin sur le lot n° 2 , la direction a commencé à dégraisser son personnel en espérant que ce stratagème lui évitera d’affronter les travailleurs en bloc. Malheureusement pour elle, les travailleurs ont compris qu’il était temps de réclamer le remboursement de la cotisation CNPS qui leur a été prélevée abusivement durant tout ce temps. Le patron a dit qu’il effectuera les déclarations après leur départ de l’entreprise, mais personne ne l’a cru !
Voilà pourquoi, le 5 juillet, les ouvriers ont bloqué les bureaux avec le personnel à l’intérieur toute une journée et une nuit. Les gendarmes envoyés pour sécuriser la situation ont veillé avec eux. Le lendemain, la direction a proposé l’arbitrage de l’Inspection du travail. Les grévistes ont fini par accepter cette proposition dans l’après-midi.
Ce même jour, le 6 juillet, ce sont les travailleurs du lot 3 qui se sont mis en grève durant trois jours pour réclamer un retard de salaire. Le sous-préfet de la localité est venu au secours du patron et a demandé aux travailleurs d’accepter d’attendre jusqu’au 12 du mois pour recevoir leur salaire.
Même si leur mobilisation n’a pas permis d’obtenir le résultat escompté, les travailleurs ont montré que la voie à suivre c’est celle de la lutte collective face aux capitalistes qui nous traitent comme des esclaves corvéables à merci. C’est ensemble, en regroupant leur force, au-delà de leur appartenance à telle entreprise ou à telle autre, qu’ils peuvent valablement se défendre face à la rapacité des capitalistes qui bénéficient en plus du soutien de l’appareil d’État.