Interdiction de critiquer le pouvoir sous peine de prison !
Mali
Les colonels au pouvoir à Bamako ne supportent aucune voix dissonante ni dans les journaux ni sur les réseaux sociaux. Tous ceux qui sont soupçonnés de ne pas s’aligner derrière le pouvoir sont surveillés de près et à la moindre critique sont sévèrement réprimés. Les inculpations et les arrestations se multiplient. C’est le cas de Ras Bath, un chroniqueur de radio privée et de la blogueuse Rokia Doumbia (surnommée « Rose vie chère ») connue pour ses prises de position contre la cherté de la vie et la corruption. Le premier est accusé d’« association de malfaiteurs » et d’« atteinte au crédit de l’État ». Il a déjà écopé de plusieurs mois d’emprisonnement au début de la Transition (entre décembre 2020 et avril 2021) et aussi en 2016 sous la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta. Quant à la blogueuse, elle est accusée d’«incitation à la révolte » et d’« outrage et violences envers le chef de l’État ».
Le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), sera devant le juge le 5 avril 2023 pour des propos jugés « insultants à l’endroit des autorités de transition, notamment du Premier ministre par intérim ». Son parti est menacé de dissolution.
Le chef de la junte, Assimi Goïta cherche à se donner l’image d’un démocrate et envisage de devenir président en procédant à des élections, mais personne n’est dupe surtout dans un pays comme le Mali qui a connu 5 coups d’État militaires depuis son indépendance, sans compter les tentatives qui ont échoué ! Connaissant cela, Assimi Goïta n’ignore pas les dangers qui le guettent du côté de ses propres amis galonnés, mais il craint aussi une explosion de colère de la population à bout de nerf à cause de la vie chère et de la corruption qui gangrène tout l’appareil d’État. C’est pour cette raison qu’il procède à des arrestations et des menaces contre ceux qui par leurs paroles pourraient mettre le feu aux poudres.