Leur « bonne année », ils peuvent se la garder !
CÔTE D’IVOIRE
Comme tous les ans, la nouvelle année est une occasion pour les bourgeois et leurs hommes politiques d’adresser aux populations pauvres leurs vœux traditionnels pleins d’hypocrisie. Ce sont ceux-là mêmes qui répriment, emprisonnent et licencient les travailleurs à la moindre grève contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail. Ils nous méprisent et nous traitent comme des esclaves qui doivent s’agenouiller devant le maître. Nous, ce qu’on leur souhaite ce n’est pas une bonne année 2023 mais une année de lutte sociale contre leur domination et leur système capitaliste qui nous réduit à la misère alors que c’est nous les travailleurs de villes et des campagnes qui produisons toutes les richesses !
À l’endroit des capitalistes, Alassane Ouattara a annoncé que 2023 sera encore plus florissante pour leurs affaires que 2022. Ils peuvent compter sur le pouvoir de Ouattara comme ils ont pu compter sur les prédécesseurs de celui-ci quand ils étaient aux affaires. Cela a toujours été sur le dos des travailleurs et des petits paysans et cela continuera tant que les exploités ne renverseront pas le système sur lequel est bâti leur société profondément inégalitaire.
La revalorisation du revenu des fonctionnaires et l’augmentation de 15 000 Fr du Smig, passant à 75.000 Fr, ont été présentées comme des mesures permettant aux petits salariés de faire face à la flambée des prix. C’est de la poudre aux yeux ! De nombreux travailleurs perçoivent déjà ce salaire dans les usines et les chantiers mais ils tirent la langue à peine le nouveau mois entamé. 300.000 Fr (environ 458 euros) par mois, c’est le revenu minimum que les travailleurs de la zone industrielle de Yopougon ont exigé durant leur mouvement de grève en octobre 2022. Ils ne les ont pas obtenus mais il y aura encore d’autres luttes à engager pour imposer cette revendication vitale.
L’année 2023 sera également une année électorale (municipale, législative et régionale). Ouattara a appelé « la classe politique, les chefs traditionnels et les leaders religieux, à se mobiliser pour… des élections sans violences … ». Mais ce sont eux tous, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, qui sont à l’origine des tueries depuis plus de 30 ans. Ce sont eux qui, pour conquérir le pouvoir ou pour s’y accrocher, alimentent les propagandes à connotation ethnique, xénophobe ou religieuse opposant les populations les unes contre les autres. Chaque élection est pour eux une occasion de semer la haine et la violence au sein de la population.
Voilà pourquoi, année électorale ou pas, les travailleurs n’ont rien de bon à attendre dans quelque domaine que ce soit des politiciens actuellement au pouvoir ou de ceux qui aspirent à prendre leur place. Ils n’obtiendront rien sans engager des luttes contre la bourgeoisie capitaliste et contre l’État à son service.
Pour mener à bien leurs futures grèves, les travailleurs ont tout intérêt à en garder le contrôle démocratique du début à la fin et se méfier des faux amis qui voudront parler en leur nom pour mieux les trahir. Or, il arrive trop souvent que les travailleurs confient la direction de leur grève à des dirigeants syndicaux qui ont d’autres objectifs en vue : à monnayer par exemple la mobilisation des travailleurs auprès des autorités politiques ou du patronat pour obtenir quelques miettes en faveur de leur boutique syndicale quand ce n’est pas pour eux-mêmes.
Alors, souhaitons qu’en 2023, il y aura comme un « bis » de la dernière grande grève des travailleurs de la zone industrielle de Yopougon, cette fois-ci dirigée et contrôlée par les grévistes eux-mêmes. L’année 2023 pourra alors réserver de bonnes surprises et ouvrir peut-être des perspectives d’avenir pour les travailleurs et les populations pauvres.