L’insalubrité de la capitale pourrit le quotidien des habitants

02 juin 2022

Mali

La ville de Bamako croule sous des tas d’ordures qui s’accumulent un peu partout dans les quartiers et les communes populaires. Les habitants sont excédés de voir que les caniveaux sont tout le temps bouchés ou inexistants, que des ordures ménagères s’amoncellent dans les quartiers d’habitation, dégagent une odeur pestilentielle et provoquent des maladies de toutes sortes.

Certes, ce n’est pas un problème qui date d’aujourd’hui mais les autorités dites de transition ainsi que la municipalité de la capitale, tout en disant que les problèmes actuels sont l’héritage de l’ancien régime d’Ibrahim Boubakar Keïta (IBK), n’ont rien fait jusqu’à présent pour améliorer la situation. Bien au contraire, elles ont plutôt tendances à masquer leur irresponsabilité en accusant les habitants de ne pas respecter les règles de propreté, de jeter les ordures n’ importe où et n’importe comment, etc. Mais où jeter les ordures quand il n’y a ni bennes à ordures ni poubelles le long des rues, y compris dans le grand marché Dabanani au cœur de Bamako ? Choguel Maïga, premier ministre de la junte depuis un an, a promis de faire de Bamako une ville fleurie et propre mais à la place de fleurs et de poubelles promises, ce sont des déchets qui jonchent les rues !

L’État malien et la municipalité de Bamako d’un côté et l’entreprise marocaine Ozone chargée de la collecte des déchets de l’autre, se rejettent la balle. Ozone a obtenu le contrat en 2015 mais très vite les habitants de la capitale se sont rendu compte qu’il n’y a eu aucune amélioration dans le ramassage d’ordures par rapport à la période précédente, bien au contraire.

Ozone accuse l’État malien et la municipalité de Bamako de ne pas lui verser la somme qu’ils lui doivent tandis que l’État et la municipalité accusent cette entreprise de ne ramasser que 30% des déchets et de ne pas les acheminer jusqu’à la décharge principale qui se trouve à une trentaine de kilomètres de la capitale mais de les déverser ça et là dans des endroits dits de transit et qui deviennent permanent.

Très vite, des montagnes de déchets se forment dans les quartiers populaires et les rendent invivables. C’est ainsi que les habitants de Lafiabougou (une des six communes de la capitale) ont donné le nom de «Kilimandjaro» à la montagne d’ordures située à côté du cimetière. Cela a duré plusieurs années.

Des manifestations de rue ont éclaté pour dénoncer cette situation scandaleuse. Le gouvernement sous la houlette de l’ancien président IBK, a choisi d’envoyer la police pour matraquer les manifestants plutôt que de trouver une solution au problème. En novembre 2018, les élèves d’une école dans le quartier de Médina Coura sont sortis dans la rue pour protester contre l’accumulation d’ordures juste derrière leur établissement, rendant l’air irrespirable. Ce n’est qu’en février 2021 que le « Kilimandjaro » a disparu à la suite d’une longue lutte des habitants et de dénonciations de médias indépendants du pouvoir.

Pris entre le marteau et l’enclume, les 1400 employés de l’entreprise Ozone ne perçoivent pas régulièrement leurs salaires. Il y a parfois deux mois de retard, la direction met cela sur le compte de l’État et de la municipalité qui lui doivent de l’argent.

En 2020, Ozone a prétendu qu’elle allait « révolutionner» son système de collecte de déchets mais ni les habitants ni les employés de cette entreprise n’ont vu un quelconque changement. Quant à la junte du colonel Assimi Goïta, elle est plus préoccupée par son maintien au pouvoir et par l’accaparement des caisses de l’État que d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population.