L’exploitation scandaleuse des enfants et les gesticulations hypocrites des autorités
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CÔTE D’IVOIRE
Le 25 juin, la Première Dame, tête de file de la prétendue lutte contre le travail des enfants en Côte d’Ivoire, a fait des dons à l’unité de police en charge de la lutte contre cette pratique officiellement interdite. Ce sont des véhicules de type 4 x 4 doubles cabines, des motos, du mobilier de bureau, du matériel informatique, 5.000 masques et des produits de lavage des mains. Ont assisté à cette cérémonie, tout un parterre de hautes personnalités dont des ministres, des représentants du corps diplomatique et autres institutions internationales. Il y a eu beaucoup de discours, des bilans ont été dressés selon lesquels plus de 320 trafiquants (qui servent d’intermédiaires ou de convoyeurs d’enfants vers leurs lieux d’exploitation) auraient été mis aux arrêts dans différentes localités grâce aux opérations de police.
Les intervenants ont surtout mis l’accent sur la répression policière mais pas un mot sur les causes profondes du phénomène, à savoir qu’il y a d’un côté la misère qui pousse les familles pauvres à faire travailler les enfants pour apporter un peu d’argent à la maison et de l’autre, des personnes qui veulent tirer profit du travail des enfants mal payés. Au sommet de cette pyramide d’exploitation, notamment dans le cas des plantations de cacao, il y a les grandes firmes internationales qui font d’énormes profits et entre les deux, l’État ivoirien qui prend sa part du gâteau. La menace de sanction américaine sur le cacao ivoirien décrié par des associations de défense des droits des enfants, n’est pas étrangère au cinéma que fait actuellement le gouvernement ivoirien sur sa prétendue lutte contre l’exploitation des enfants dans les plantations. Il y va de son intérêt.
Il n’est pas besoin d’aller dans les plantations de cacao à l’intérieur du pays pour se rendre compte de la réalité du travail des enfants. Il suffit de s’asseoir dans un maquis pour constater qu’il y a de nombreux enfants ou adolescents qui sont cireurs de chaussures ou qui vendent de petites choses. Dans les marchés, il y en a qui proposent d’aider à transporter les bagages, d’autres vendent de l’eau en sachet ou des emballages en plastique.
C’est la pauvreté qui pousse une grande partie de la population, adultes comme enfants, vers la débrouillardise pour survivre. Dans ce pays, pour ceux qui ont «la chance» d’avoir un travail, les salaires des ouvriers sont bas et suffisent rarement à couvrir les besoins les plus élémentaires de leurs familles. Résultat pour beaucoup, les enfants doivent se débrouiller. Dans les campagnes, c’est la même situation que vivent les familles des paysans pauvres. C’est le sort que réserve la société capitaliste à l’ensemble des pauvres de ce pays comme à ceux d’ailleurs.