Lutte contre le coronavirus et business font bon ménage

30 avril 2020

SÉNÉGAL

Le 23 mars dernier le président sénégalais Macky Sall annonçait à la télévision la création d’un «fonds de riposte» de 1 000 milliards de francs CFA (environ 1,5 milliard d’euros) alimenté par l’État, et «toutes les bonnes volontés».

Sur cette enveloppe, 69 milliards de francs CFA (environ 105 millions d’euros) seront parait-il dédiés à « l’aide alimentaire d’urgence ». Mais à y voir de plus près, cette caisse servira aussi à alimenter les comptes en banque des hommes d’affaires proches du clan présidentiel.

La presse sénégalaise a révélé le nom de deux principaux bénéficiaires de contrats juteux. Il s’agit de l’homme d’affaires libanais, Rayan Hachem et de Demba Diop Sy, un homme d’affaires sénégalais qui est en même temps député appartenant au parti de l’actuel président.

Le premier a obtenu par l’intermédiaire de deux entreprises lui appartenant deux contrats d’un montant total estimé à plus de 18 milliards de FCFA pour l’importation de denrées, principalement du riz. Quant au second qui possède une société de transport de marchandises, il s’est vu attribuer un juteux contrat pour l’acheminement d’environ 145 000 tonnes de riz et autres denrées alimentaires à différents endroits du pays.

Les médias proches de l’opposition ont dénoncé le favoritisme et le clientélisme du pouvoir. Certains ont parlé de «Corornagate», d’autres, de «corona-business» ou de «marché frauduleux».

Devant ce tollé médiatico-politique, Macky Sall a annoncé la création d’un «comité de pilotage» pour s’assurer que les fonds destinés à l’aide alimentaire d’urgence soient utilisés dans la «transparence». Une manière comme une autre de noyer le poison derrière un écran de fumée ?