Quand le pouvoir fait semblant de s’émouvoir sur le sort des plus pauvres

30 avril 2020

Mali

Suite à la pandémie du corona virus, le président malien a annoncé à la télévision un certain nombre de mesures sociales à destination des familles maliennes en détresse. Sur les 500 milliards de francs Cfa que l’État va injecter pour «financer des mesures sociales», 100 milliards seront dépensés, dit-il, « pour les familles les plus vulnérables à l’échelle des 703 communes du Mali ». Ce fonds sera, selon lui, « géré de manière collégiale et transparente, avec l’administration publique, les chefs de villages et de quartiers, les organisations citoyennes, les autorités morales désignées par les bénéficiaires eux-mêmes ».

On peut être à peu près sûr que la grande partie de ce fond n’ira pas aux familles en détresse mais dans la poche des margoulins qui ne manqueront pas une telle occasion pour se faire l’argent facile sur le dos des plus pauvres.

Parmi les mesures annoncées, il y a aussi la prise en charge par l’État des factures d’eau et d’électricité des mois d’avril et de mai pour les familles les plus démunies, le versement d’une « prime spéciale » pour le personnel de santé et pour les forces de l’ordre. Le président a en outre déclaré qu’il va renforcer le contrôle des prix par les brigades spéciales. Mais tout le monde sait que ces brigades sont plus intéressées par le racket des petits commerçants que par la lutte contre les fraudes qui se pratiquent au niveau des grossistes et des importateurs bénéficiant de la complicité des services de la douane et de l’appareil d’État.

Ce qui préoccupe le plus le président malien ce n’est pas le sort de la population qui subit de plein fouet les effets de la crise économique mais plutôt ses réactions de colère qui pourraient balayer son régime.