Quand l’État fait semblant d’exiger de la transparence dans la fonction publique

26 juillet 2019

Mali

Excédées par le niveau atteint par la corruption au Mali, un certain nombre d’associations se sont regroupées au sein d’une « plateforme de lutte contre la corruption et le chômage ». Celle-ci dénonce le fait que l’État malien ne mette pas en application la décision qu’il avait prise en 2017 d’obliger tous les fonctionnaires à déclarer leur patrimoine «avant la fin du mois d’août 2017 » sous peine de sanction. Force est de constater que cette décision prétendument prise pour lutter contre « l’enrichissement illicite» n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau puisque que selon les aveux même d’un responsable de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (l’OCLEI, un bureau chargé par l’État pour lutter contre la corruption), seulement une toute petite minorité de fonctionnaires auraient déposé leurs déclarations de biens à ce jour. En effet, plus ils sont haut placés, moins ils sont enclins à dévoiler publiquement leurs comptes en banque, leurs villas et autres richesses. Sans compter qu’ils peuvent déclarer ce qu’ils ont envie de déclarer, étant donné qu’ils peuvent camoufler leurs patrimoines en utilisant toutes sortes d’astuces.

La « plateforme » affirme que « 8 000 personnes aujourd’hui au Mali doivent justifier leurs biens, [elles] n’ont pas fait ce travail, [elles] n’ont pas respecté la loi ». Elle menace donc de porter plainte contre ces contrevenants devant la justice malienne.

À défaut d’être une solution vraiment efficace pour mettre fin à la corruption qui règne au sein de l’État, cette action a au moins le mérite de dénoncer cette pratique qui se fait au détriment de la population. Mais si on compte tout simplement sur la justice malienne pour mettre fin à la corruption, on fait fausse route.