Un grain de sable dans les rouages du projet Base Toliara II

12 juillet 2019

Madagascar

Dans le district de Toliara, le sable fin en bordure de mer est riche en ilménite et autres minerais très recherchés par différentes industries internationales. Une société minière australienne « Base Toliara » essaie d’obtenir le droit d’exploitation sur les espaces sablonneux en bordure de mer. Les mangroves qui constituent des niches pour les petits poissons ainsi que pour divers types de crustacés et mollusques, sont également menacées mettant en danger de mort l’existence de milliers de petits pêcheurs qui en vivent au prix de mille efforts. Ils ne sont pas les seuls à être concernés puisque à deux pas de là vivent des petits cultivateurs très pauvres eux aussi, ainsi que des éleveurs. Actuellement ils n’ont pas d’autre choix que celui de s’échiner du matin au soir pour soutirer quelques denrées comestibles.

Des habitants de cette ville et des environs ont manifesté le 9 avril face aux dangers que constitue l’installation de cette société minière à cet endroit ; ils ont été très sévèrement réprimés par les forces de l’ordre. Au moins trente personnes ont été arrêtées puis placées en détention pendant de longues semaines sans que leurs proches n’aient le droit de savoir où. Il leur était impossible de recevoir ne serait-ce que de l’eau et de la nourriture venant de leur famille. Le procès de neuf d’entre eux s’est tenu le 13 juin à Fianarantsoa, suite à quoi ils ont finalement obtenu leur relaxe.

À priori, le fait que cette mine s’installe dans ce coin pourrait laisser croire que cela serait une aubaine car ainsi beaucoup de personnes trouveraient un emploi et ceux qui n’en voudraient pas, pourraient percevoir des dédommagements. Mais ce serait mal connaître ces rapaces que sont les capitalistes puisque dans une ville voisine (Fort-Dauphin), les conséquences sur les travailleurs, sur la santé de la population et sur la nature sont bien plus graves que ce qui avait été annoncé par les dirigeants de la société minière.

Face à la puissance financière de cette société minière internationale qui arrose de pots de vin les gens du pouvoir pour pouvoir exploiter, exproprier, piller et polluer en toute impunité, les travailleurs, les pêcheurs et les petits paysans ne peuvent compter que sur leur mobilisation et leurs forces collectives pour se défendre.